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  2. Dépendances
  3. Dépendances 64
  4. Drug checking: état des lieux

4. Le chemin de la régulation vers toutes les drogues
Interview de Thilo Beck (ARUD) par Frank Zobel (Addiction Suisse)
Pharmacologie des stimulants
Daniele Zullino, Gabriel Thorens et Sophia Achab (Service d’addictologie, Hôpitaux Universitaires de Genève)
Drug checking: état des lieux
Dominique Schori (Infodrog)
(Presque) Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le marché de la cocaïne
Sanda Samitca et Stephanie Lociciro (Institut universitaire de médecine sociale et préventive du CHUV), Pierre Esseiva et Robin Udrisard (École des Sciences criminelles [ESC] de l’Université de Lausanne), Frank Zobel (Addiction Suisse)
Interview
Thilo Beck (ARUD) par Frank Zobel (Addiction Suisse)
Marché noir : la légalisation vaincra
Johanna Gapany (PLR, Fribourg)
Pourquoi si peu de demande de prise en charge par les usagers de cocaïne et de stimulants en général ?
Claude Uehlinger (Matrix Psychiatrie, Fribourg)
Programme WarningMeth : une alternative psycho-éducative à la contravention
Camille Fontaine, Jean-Marie Coste, Yvan Grecuccio, Anne Pelet (Addiction Neuchâtel)
La parole aux cocaïnomanes anonymes
Cet article a été rédigé par des membres des Cocaïnomanes Anonymes de Suisse romande qui, conformément à leur tradition vis-à-vis de la presse, souhaitent garder l’anonymat.

Dépendances 64 - Stimulants: Drug checking: état des lieux

mars 2019

Drug checking: état des lieux

Dominique Schori (Infodrog)

La Suisse fait partie des pays pionniers dans l’introduction du drug checking, qui concerne jusqu’ici avant tout les stimulants consommés en milieu festif. Où en sommes-nous aujourd’hui et quels sont les différents objectifs et les pratiques actuelles dans ce domaine ? Que nous apprend le drug checking et comment cette offre va-t-elle se développer à l’avenir ? Les réponses d’un observateur éclairé de ce domaine.

Le drug checking fait partie de la réduction des risques destinée aux consommateurs de substances psychoactives. Il comprend une analyse chimique de la substance et une consultation individuelle. Il s’agit d’une offre à bas seuil d’accessibilité, sans jugement de valeur vis-à-vis de ses usagers et gratuite pour eux. Elle est principalement destinée aux consommateurs de drogue à usage récréatif. L’analyse chimique des substances est réalisée par un laboratoire spécialisé. En Suisse, des offres de drug checking existent dans le canton de Berne (depuis 1998), la ville de Zurich (depuis 2001), les cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne (depuis 2013) ainsi que dans le canton de Genève. Les toutes premières interventions de drug checking lors de soirées festives ont été réalisées par l’association eve&rave au milieu des années 1990 1.

Les objectifs du Drug checking

Les offres de drug checking poursuivent pour l’essentiel les objectifs suivants :

  • Évaluation de la consommation et repérage précoce des consommations problématiques (analyse de risque) auprès d’un groupe de consommateurs qui ne peut que difficilement être atteint à travers les autres offres professionnelles du domaine des addictions.
  • Promotion des compétences vis-à-vis de la consommation et renforcement de la capacité des consommateurs à s’aider eux-mêmes (empowerment).
  • Sensibilisation aux risques par la diffusion de messages de réduction des risques et d’informations concernant les changements sur le marché des substances illégales.
  • Incitation à une réflexion critique sur son propre mode de consommation.
  • Soutien et accompagnement en lien avec une stabilisation ou une réduction de la consommation.
  • Selon les besoins, mise en lien avec les autres offres d’aide en matière d’addiction (p. ex. aide et conseil ambulatoire).
  • Réduction des craintes vis-à-vis des offres à haut seuil comme les institutions ambulatoires ou résidentielles.
  • Soutien à la compréhension des tendances et dynamiques du marché des drogues illégales et à celles de la consommation de ces substances.

Comment le Drug checking fonctionne-t-il ?

Les fondements du drug checking se sont développés majoritairement dans la pratique et reposent surtout sur les expériences réalisées et les opinions des experts. Les preuves scientifiques, comme on les obtient avec des études randomisées et contrôlées, ne sont généralement pas disponibles 1. Toutefois, si l’on adopte une définition plus large des preuves scientifiques, il existe différents éléments qui attestent de l’efficacité du drug checking par rapport aux objectifs mentionnés ci-dessus. Selon l’Institut allemand de recherche en addiction et prévention, la prévention des addictions evidence-based se définit en effet par une « utilisation scrupuleuse, judicieuse et systématique des meilleures connaissances scientifiques théoriques et empiriques disponibles, ainsi que du savoir des praticiens et de celui du groupe-cible pour la planification, la mise en œuvre, l’évaluation, la diffusion et le développement de mesures structurelles et comportementales.2 »

Une étude menée aux Etats-Unis a exploré l’efficacité du drug checking auprès des consommateurs dans le milieu festif en s’intéressant à la promotion des compétences de consommation ainsi qu’à la sensibilisation aux risques. Elle a montré que les personnes ayant fait analyser de la MDMA, et qui avaient été informées qu’il ne s’agissait pas de cette substance, mais parfois d’une autre particulièrement dangereuse (en particulier de la PMA et du PMMA, qui sont beaucoup plus toxiques), étaient significativement moins nombreuses à vouloir la consommer. Seuls 26 % des participants, dont l’échantillon s’était avéré ne pas être de la MDMA, avaient l’intention de consommer la substance (contre 46 % de ceux dont l’échantillon contenait effectivement de la MDMA) 3. D’autres études ont eu des résultats similaires. Une enquête non représentative menée par le projet de drug checking Checkit ! à Vienne a montré que deux personnes interrogées sur trois, pour qui l’analyse avait révélé des composants inattendus ou très dangereux, renonçaient à consommer la drogue testée.

En Suisse, les données des enquêtes chez les consommateurs festifs indiquent que le besoin en information et en compétences vis-à-vis de la consommation et des risques est très élevé chez eux. Une enquête non représentative a révélé que seuls 4 % des personnes interrogées ont affirmé que le contenu et le dosage des substances consommées ne leur importaient guère, et qu’ils les consommeraient de toute façon indépendamment de leur niveau d’information 4.

La Stratégie nationale addictions mise en œuvre depuis 2017 part du principe que les individus sont responsables vis-à-vis de leur mode de vie et de leurs comportements. Elle veut donc contribuer à encourager les « compétences en matière de santé », afin que chacun puisse « faire ses choix en toute connaissance de cause ».

Une grande partie des usagers de drogues en milieu festif consomment ces substances illégales sans avoir ou développer un mode de consommation problématique. Pour qu’ils puissent exercer leur responsabilité personnelle vis-à-vis de la consommation de telles substances, il est nécessaire qu’ils soient informés des risques et conséquences de cette consommation. Une condition nécessaire pour cela est qu’ils puissent connaitre le contenu de la substance qu’ils souhaitent consommer. Un conseil basé sur les données issues de l’analyse chimique et sur les connaissances facilite donc une consommation responsable.

La Stratégie nationale addictions souhaite aussi répondre « aux comportements à risque qui s’installent dans différents groupes de population » et atteindre avec des offres spécifiques ces personnes, indépendamment de leur âge, sexe ou de leur origine socioculturelle ». Les offres de drug checking s’adressent spécifiquement à la population très hétérogène des usagers de drogue en milieu festif, que les autres offres de prévention ou de réduction des risques n’atteignent pas. Une étude menée à Zurich 5 a ainsi montré que le drug checking constitue, pour les usagers de drogue en milieu festif, souvent le premier contact avec des professionnels du domaine des addictions.

Au-delà de l’accès aux usagers de drogues en milieu festif, les offres de drug checking contribuent aussi à une meilleure compréhension des tendances et dynamiques du marché, ainsi que de la consommation, des drogues illégales. Ils peuvent notamment contribuer à identifier rapidement des développements dangereux sur le marché des drogues (substances ou produits de coupage dangereux pour la santé, changements significatifs voire systématiques du dosage / degré de pureté des substances pouvant entrainer des risques de surdosage), particulièrement là où d’autres interventions ou la police n’ont pas d’accès. Dans certains pays, le monitorage du marché illégal des substances psychoactives est même le premier objectif du drug checking. Le Trans European Drug information Project (TEDI), une base de données regroupant les résultats d’analyses de toute l’Europe a permis de rassembler entre 2008 et 2013 plus de 45’000 analyses, permettant ainsi d’obtenir des connaissances utiles au sujet de l’arrivée de nouvelles substances potentiellement dangereuses. Aux Pays-Bas, l’identification de LSD contaminé par du fentanyl a ainsi conduit à une campagne d’alerte nationale dans ce pays 6. Un tel dispositif d’alerte précoce n’existe pas encore en Suisse.

Les connaissances recueillies sur les usagers et les substances qu’ils consomment peuvent aussi servir à informer le public sur des tendances dangereuses en matière de santé ou à améliorer les règles de safer use et les autres conseils de réduction des risques. Les données recueillies à l’aide d’un questionnaire, qui est utilisé par toutes les offres de drug checking suisses ainsi que d’autres institutions pour structurer les consultations, offrent par ailleurs une vue détaillée des comportements de consommation et des problèmes qui y sont liés chez les usagers de drogue en milieu festif. Les résultats de l’enquête sont publiés chaque année par Infodrog 7.

Quelles sont les substances testées?

À l’heure actuelle, les données provenant des différentes offres de drug checking en Suisse ne sont pas rassemblées et analysées sur le plan national. Une étude de faisabilité examine actuellement les conditions qui pourraient permettre de le faire. La dernière mise en commun des résultats d’analyse de la ville de Zurich et du canton de Berne date de 2015 8 et a porté sur 2’242 échantillons de substances. Pour 1’379 d’entre eux, des avertissements ont été prononcés en raison de la détection de produits de coupage pharmacologiquement actifs, de dosages très élevés ou de la présence de substances actives inconnues. Les substances les plus souvent analysées étaient la cocaïne, respectivement la MDMA s’agissant du laboratoire mobile. Les substances les plus testées étaient (en rang décroissant) la cocaïne (36% des échantillons), l’amphétamine (23%) et la MDMA (pilules et poudre, 23%). Les échantillons de LSD représentaient 5,7% des cas. D’autres substances, comme la kétamine, l’héroïne, la méthamphétamine ou les NPS (nouvelles substances psychoactives), ont plus rarement été analysées.

L’offre de drug checking de la ville de Zurich 9 publie chaque année une statistique des substances analysées. Ces données ne sont pas représentatives du marché des drogues de la ville de Zurich ou de la Suisse. Ce qui reste pourtant frappant, c’est que le pourcentage des échantillons de cocaïne est constant et représente entre 42 et 46% de toutes les analyses (la part du drug checking fixe est bien plus élevée que pour le mobile). Le degré de pureté de la cocaïne testée se situait en moyenne à 78%, mais fluctuait entre 0.1 et 100%! On observe aussi une nette augmentation du taux de pureté moyen et seuls 37% des échantillons de cocaïne testés en 2017 à Zurich étaient mélangés avec produits de coupage pharmacologiquement actifs (contre 55% l’année précédente). Ce recul constitue une autre tendance depuis un certain nombre d’années. Lorsqu’elle est coupée, la cocaïne est mélangée le plus souvent à du lévamisole, une substance développée pour lutter contre un ver parasite et dont la consommation régulière peut provoquer des dommages sérieux pour la santé comme des vascularites, l’anémie ou de l’hypertonie pulmonaire. Les autres produits de coupage, comme la phénacétine, la caféine ou des anesthésiques locaux, ont plus rarement été identifiés.

Sur la base des données de Zurich, l’augmentation de la quantité de substance active (MDMA) dans les pilules d’ecstasy constitue une tendance préoccupante. Cette évolution s’observe partout en Europe. La teneur moyenne en MDMA des pilules d’ecstasy a augmenté entre 2011 et 2017 d’environ 100 mg à environ 160 mg10. Les données de l’outil en ligne d’alerte sur les substances, qui regroupe les données de toutes les offres de drug checking et qui est géré par Infrodrog, confirment cette tendance 7. Ainsi, la teneur moyenne en MDMA des pilules d’ecstasy, pour lesquelles un avertissement a été publié (dès 120 mg de MDMA) a passé de 133 mg en 2012 à 186 mg en 2017. Comme pour la cocaïne, on observe ici aussi de fortes variations. En 2017, à Zurich, la quantité de MDMA trouvée dans les pilules allait de 45 à 285 mg.

On observe également une hausse de la pureté des échantillons d’amphétamine testés à Zurich. Le taux de pureté moyen a augmenté de 23% en 2011 à 51% en 2017. Les autres produits retrouvés dans les échantillons d’amphétamine en 2017 étaient la caféine comme produit de coupage (environ 50% de tous les échantillons) et les impuretés liées à la synthèse (33%), reflétant une fabrication de mauvaise qualité. Elles entrainent des risques difficilement estimables pour la santé des consommateurs.

L’avenir du Drug checking en Suisse

Tant que la plupart des substances psychoactives restent illégales, il y aura un besoin pour le drug checking. De nouvelles substances inconnues vont continuer à apparaitre sur le marché et des substances déjà connues, mais jusqu’ici rarement consommées, pourront soudainement gagner en popularité. La pureté des poudres, la teneur en principe actif des pilules ainsi que la proportion de produits de coupe potentiellement dangereux vont encore fluctuer à l’avenir.

Aujourd’hui, les offres de drug checking attirent principalement les consommateurs de drogue qui ont un usage récréatif. L’offre pourrait et devrait encore être élargie à d’autres consommateurs comme les usagers des locaux de consommation, les consommateurs de cannabis ou ceux qui consomment des stéroïdes anabolisants de manière illégale. Une étude de l’Université de Berne a par exemple montré que les échantillons de cannabis sont souvent contaminés par des pesticides ou contiennent des résidus de métaux lourds, dont la présence a des effets jusqu’ici inconnus sur la santé des consommateurs 11.

Les quelques offres de drug checking existantes ne couvrent qu’une petite partie de la Suisse. Cela signifie non seulement que l’on ne répond pas aux besoins existants en matière de drug checking, mais aussi que le potentiel du drug checking comme instrument de récolte de données n’est pas complètement exploité. Avec le développement des offres de drug checking, le marché illégal des substances pourrait être mieux observé et un système d’alerte précoce, comme il en existe dans d’autres pays européens, pourrait être mis en place. Les autorités cantonales et fédérales disposeraient ainsi de davantage de données et d’informations sur les marchés illégaux et leurs dynamiques. Il importera néanmoins aussi, au regard de la pression croissante sur les finances de nombreux cantons, d’assurer à moyen terme le financement des offres de drug checking.

64_2_Drug-Checking-etat-des-lieux_Schori_Dependances_2019.pdf
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  1. Infodrog. Fiche d’information drug checking. Bern : s.n., 2017.[↑][↑]
  2. Experten- und ExpertInnengruppe Kölner Klausurwoch. Memorandum Evidenzbasierung in der Suchtprävention – Möglichkeiten und Grenzen. [Online] 2014. [Zitat vom : 17. 10 2018.] https : / / www. infodrog.ch / de / wissen / praeventionslexikon / evidenzbasierte-prae-vention.html.[↑]
  3. Ventura, M., Noijen, J., Bücheli, A. Isvy ,A., van Huyck, C.,Martins, D., Nagy, C. Schipper, V., Ugarte, M., Valente. H.,. Drug Checking Service Good Practice Standards . s.l. : NEWIP, 2012.[↑]
  4. Saleemi, S., Pennybaker S.J., Wooldridge, M., Johnson, M.W. Who ist ‘Molly?’ MDMA adulterants by product name and the impact of harm-reduction services at raves. Journal of Psychopharmacology. 2017, Bd. 31, 8 (S.1056 -1060).[↑]
  5. Infodrog. Consommation récréative de substances psychoactives (CrSp). Évaluation des questionnaires des consommatrices et des consommateurs de l’année 2016. Rapport 2017. Bern : 2017.[↑]
  6. Office fédéral de la santé publique. Stratégie nationale addictions 2017 – 2024.2017.[↑]
  7. Brunt, T. Drug Checking as a harm reduction tool for recreational drug users : opportunities and challenges – Background paper comissioned by the EMCDDA for Health and social responses to drug problems : a European guide. s.l. : EMCDDA, 2017.[↑][↑]
  8. Infodrog. Rapport d’activité Safer Nightlife Suisse 2017. [Online] 02. 02 2017. [Citation du : 17. 10 2018.] https ://www.infodrog.ch/files/conten /sns201 /franz_rapport_acti-vites_2017.pdf.[↑]
  9. Saferparty. [Online] [Zitat vom : 17. 10 2018.] https ://www.saferparty.ch / warnungen.html.[↑]
  10. A partir d’un dosage de plus de 1,5 mg de MDMA par kilo de poids corporel pour les hommes, et plus de 1.3 mg par kilo de poids corporel chez les femmes (lors de consommation par voie orale), les effets secondaires augmentent rapidement et peuvent, selon les circonstances, conduire à des situation critiques comme une augmentation de la température corporelle à la suite d’une déshydratation.[↑]
  11. Weinmann, W. et al. Untersuchung von Cannabis auf Streckmittel, Verschnittstoffe, Pestizide, mikrobiologische und anorganische Kontaminationen. 2017.[↑]

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