mars 2019
On les prend pour danser jusqu’à la fermeture des clubs et pour enchainer ensuite les after. Elles permettent aussi de travailler mieux et plus longtemps que les collègues, de préparer des examens pendant de longues nuits ou de jouer devant son ordinateur jusqu’à l’épuisement. Certains y trouvent aussi un moyen de renforcer leur confiance, d’autres de flatter leur narcissisme et d’autres encore de pimenter leur vie sexuelle. Pour toutes ces raisons, et d’autres encore, l’on qualifie souvent les stimulants de « drogues de notre temps » : de la performance et du plaisir.
Ces substances ont toutefois aussi un côté beaucoup plus sombre qu’il faut évoquer. Celui de la dépendance et de différents problèmes de santé physiques et psychiques liés à leur consommation, bien sûr, mais aussi de leur emploi dans le cadre de conflits armés pour encourager les « soldats » à se battre ou à se sacrifier. Celui de la prostitution aussi où les stimulants constituent souvent un outil pour faire travailler celles et ceux qui pratiquent ce métier.
Il y a aussi un questionnement important en lien avec les stimulants : si on légalise et régule le cannabis aujourd’hui dans différentes régions du monde, que fera-t-on ensuite avec ces substances puisqu’il s’agit généralement des drogues les plus consommées après la marijuana ? C’est un véritable cas d’école puisqu’on y retrouve non seulement différentes molécules, avec des effets et des dangerosités variables, mais aussi la possibilité de produire de nouvelles drogues dans le cadre de la légalisation pour mettre à disposition des produits peu dangereux mais répondant aux attentes des consommateurs. C’est, si on le veut bien, le débat sur la régulation des drogues 2.0 qui s’annonce avec les stimulants.
Ce numéro de Dépendances sur les stimulants a été imaginé par Corine Kibora qui, durant plus d’une décennie, a été avec Jean-Félix Savary du GREA l’une des deux chevilles ouvrières de cette revue. Son départ, lié à un changement professionnel, constitue une importante perte pour Dépendances mais nous donne aussi l’occasion de lui dédier ce numéro et de la remercier pour son engagement indéfectible durant toutes ces années. Et puis, nous savons qu’elle reste une amie de la revue et que nos chemins se recroiseront. Alors : merci Corine et à bientôt.
Frank Zobel