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Dépendances 81 - Questions de genres

avril 2025

Consommer des drogues est aujourd’hui encore source de stigmatisations. Cette stigmatisation est encore plus forte pour les consommatrices et consommateurs qui appartiennent déjà à un groupe social discriminé en raison de leur identité, de leur expression de genre ou de leur orientation sexuelle. Dans ces situations, les discriminations se cumulent pour former un tout qui dépasse la somme des parties, un phénomène que la juriste afro-américaine Kimberlé Crenshaw a conceptualisé sous le terme d’intersectionnalité à la fin des années 1980.

L’intersectionnalité est une théorie critique qui ne peut être résumée au simple constat que certaines personnes se trouvent à l’intersection de deux discriminations, par exemple du sexisme et du racisme. L’intersectionnalité permet aussi d’identifier un processus politique précis, celui de « la monopolisation de la représentation de groupes dominés par les membres de ces groupes qui sont détenteurs de propriétés dominantes » [1]. Autrement dit, nous nous représentons habituellement un groupe stigmatisé en pensant d’abord à ses membres qui le sont le moins.

Cette théorie s’applique évidemment aux domaines des addictions. Pendant trop longtemps, les recherches académiques sur les usages de drogues se sont limitées aux hommes – tout comme l’a fait, d’ailleurs, la recherche clinique de manière plus large [2]. Selon la criminologue Natasha Du Rose, il a fallu attendre l’apparition de la crise du VIH dans les années 1980 pour que les femmes usagères de drogues existent enfin aux yeux de la recherche académique et des politiques addictions. Cependant, ces regards ont longtemps été empreints de culpabilisation et de rejet, désignant ces femmes comme des vecteurs de maladie et des mères indignes, junkies mettant au monde des crack babies, images ensuite largement relayées par les médias dans la population et façonnant nos représentations sociales et nos perceptions [3].  

Les enjeux et besoins spécifiques des femmes et de toutes les personnes de la communauté LGBTIQA+ qui consomment des drogues ont donc été ignorés pendant longtemps. Cela se ressent encore aujourd’hui, la majorité des prestations addictions s’adressant « par défaut » à un public d’hommes cisgenres et hétérosexuels : le fameux groupe détenteur de propriétés dominantes qui monopolise la représentation d’un groupe dominé selon le concept d’intersectionnalité. La situation serait même plutôt en train de se dégrader, comme en témoigne l’étude de Stremlow, qui constate une augmentation de l’inégalité des chances d’accès aux offres (inter)cantonales du domaine des addictions [4].

Les articles proposés dans ce numéro de Dépendances permettent de mettre en lumière les enjeux, les besoins et les lacunes dans les offres addictions pour toutes ces personnes invisibilisées et usagères de drogues, que l’on parle des femmes et/ou des mères – socialement insérées ou non, des hommes qui ont des rapports avec d’autres hommes (HSH), des personnes exerçant le travail du sexe, de la communauté LGBTIQA+, etc. Ces articles nous invitent à réfléchir à nos pratiques et à nos structures professionnelles afin de s’adresser au plus grand nombre dans une véritable perspective inclusive.

L’heure actuelle est à la montée des idéologies masculinistes d’extrême droite, de la transphobie et du backlash post mouvement #MeToo ; l’OMS alerte sur une augmentation des IST, la santé mentale se dégrade, les problématiques d’addictions augmentent, mais les autorités politiques pratiquent les coupes budgétaires et suppriment des programmes de prévention. De manière générale, les idées de solidarité et d’égalité sont mises à mal à l’international. Dépendances n’avait encore jamais consacré de numéros aux questions de genres et aujourd’hui, il est plus que nécessaire de se positionner fermement sur ces enjeux fondamentaux : nous voulons des politiques addictions inclusives qui répondent aux besoins de tout le monde.

 

Références :

[1] Chauvin, S. et Jaunait, A. (2015). L’intersectionnalité contre l’intersection. Raisons politiques, N° 58(2), 55-74. https://doi.org/10.3917/rai.058.0055.

[2] Potterat, M., M., Monnin, Y., Guessous, I., Pechère-Bertschi, A. (2015), Les femmes, oubliées de la recherche clinique, Rev Med Suisse, 11, no. 487, 1733–1736.

[3] Du Rose, N. (2015). The governance of female drug users: Women’s experiences of drug policy (1st ed.). Bristol University Press. https://doi.org/10.2307/j.ctt1t89h83

[4] Stremlow, J. ; Eder, M. ; Knecht, D. ; Wyss, S. (2023). Les bases du pilotage (inter-)cantonal de l’aide psychosociale et sociopédagogique dans le domaine des addictions. Rapport final. Haute école spécialisée de Lucerne – Travail social, Lucerne.

Camille Robert

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