juillet 2009
La protection de la jeunesse est un terme à la mode. Aujourd’hui en Suisse, il suffit d’évoquer ces quelques mots pour mettre tout le monde de son côté. Revers de la médaille d’une telle popularité, tout le monde parle de «protection de la jeunesse». Les dernières votations sur les drogues en ont apporté un exemple frappant. Pour ou contre l’initiative sur le chanvre, pour ou contre la Loi sur les stupéfiants, tout le monde ancrait sa position dans la sacro-sainte «protection de la jeunesse».
Mais en fait, de quoi parle-t-on? Quand un terme jouit d’une pareille popularité, on est en droit de s’interroger. Surtout quand, apparemment, le consensus s’arrête là où la sémantique commence. Et d’abord, c’est quoi la jeunesse? Et de quoi devons-nous la protéger? Prise entre jeunisme et fantasmes sécuritaires, on comprend aisément que notre société se soit appropriée si rapidement cette expression aux consonances magiques. Agissant comme une incantation qu’il n’est plus nécessaire d’expliciter, nous pourrions être tentés de rejeter ce qui pourrait apparaître comme un «prêt à penser».
Cependant, ce serait oublier que la «protection de la jeunesse» s’ancre d’abord dans une réalité; celle de l’augmentation des comportements à risques chez les mineurs. Même si la tendance générale est à la baisse de la consommation, l’âge et le type de pratiques sont des enjeux majeurs dans le monde des addictions. C’est ici que la «protection de la jeunesse» prend sa source et c’est également là que ce concept doit être clairement défini. Ce numéro s’est construit autour de ces questions.
Jean-Félix Savary (GREA)