septembre 2006
En mai 2005, La Commission fédérale pour les questions liées aux drogues (CFLD) a rendu son rapport sur le futur d’une politique drogues, «psychoaktiv.ch». Elle y propose un nouveau modèle pour réfléchir aux produits psychotropes, plus intégré, plus nuancé, le modèle dit du «cu-be». Si ce concept n’est de fait que le développement logique du modèle des quatre piliers, son mérite est d’offrir un cadre pragmatique et systématique à la mise en œuvre de cette politique énoncée depuis de nombreuses années. Dans ce sens, il reprend les réflexions qui animent le réseau professionnel autour de cette question et les organise de manière cohérente, tout en évitant le piège des conclusions hâtives. Mais, ce qui a également changé, c’est la possibilité d’avoir un modèle légitime, proposé par une commission d’experts de plusieurs disciplines nommés directement par le Conseil fédéral. Il s’agit donc bien plus d’offrir une possibilité de ralliement autour d’une lecture et d’un outil communs, plutôt que d’une vision révolutionnaire de la politique en matière de substances. En ce sens, «psychoaktiv.ch» a su trouver une voie intéressante.
Soutenu par l’administration, les experts et les associations professionnelles, le modèle du «cu-be» permet de recentrer le débat sur un terrain plus scientifique et pragmatique, moins favorable aux lobbies de toutes tendances, mais certainement plus ambitieux en termes de prévention et de traitement. Ce cadre jette les premières bases d’une politique intégrée que nous appelons de nos vœux. Pour cela, les professionnels ont une responsabilité particulière dans sa promotion. Ce n’est que lorsqu’on se comprend que l’on peut vraiment pratiquer l’interdisciplinarité, construire une réflexion dialectique plutôt qu’un débat de positions stériles. Un discours et des outils communs nous y aident grandement.
Le comité de rédaction salue ce modèle car il favorise une vision globale de la problématique, débarrassée des a priori qui entachent la crédibilité des discours politiques. Il rejoint ainsi sur de très nombreux points les principes et les valeurs des deux organismes porteurs de «dépendances», l’ISPA et le GREAT. Ce modèle doit devenir rapidement une référence dominante pourqu’il puisse aider le monde politique à adopter une vision plus proche des réalités du terrain et des préoccupations du monde professionnel. Les récentes discussions sur l’imposition de la bière nous ont encore rappelé à quel point le travail politique doit être poursuivi, si nous voulons pouvoir traiter ces questions de manière cohérente dans ce pays. Le cube nous y aide. Sachons nous en servir!
Le comité de rédaction