header logo image
  • à propos
    • Qui sommes-nous ?
    • Membres
    • Charte et Statuts
    • Faire un don
  • Thèmes
  • Agenda
    • Agenda
    • Événements passés
  • Formations
    • La formation au GREA
    • Formations
    • Formations passées
  • Projets
  • Publications
    • Édito
    • Actualités
    • Dépendances
    • Addiction(s) : recherches et pratiques
    • GREA TV
    • Documents de référence
    • Publications GREA
    • Communiqués de presse
    • Dans les médias
    • Rapports annuels
  • Plateformes
  • search
  • Faire un don
  • Devenir membre
  1. Page d’accueil
  2. Dépendances
  3. Dépendances 81
  4. Pour une approche transaffirmative au sein des services de traitement des dépendances

Pour une approche transaffirmative au sein des services de traitement des dépendances
Abdelhakim Missoum (Université de Sherbrooke)
Interview
Bénédicte Bertin et Abdou Ndiaye (Oppelia Charonne) par Camille Robert (GREA)

Dépendances 81 - Questions de genres: Pour une approche transaffirmative au sein des services de traitement des dépendances

avril 2025

Pour une approche transaffirmative au sein des services de traitement des dépendances

Abdelhakim Missoum (Université de Sherbrooke)

Les personnes trans et non-binaires (TNB) sont régulièrement exposées à des préjudices, de la discrimination et de la violence liées à une expression de genre perçue comme non-conforme. Dans ce contexte, l’usage de substances psychoactives peut servir de stratégie adaptative. L’accès aux services d’accompagnement et de RdR lorsque la consommation devient problématique reste cependant difficile pour ces personnes. Cet article présente les résultats préliminaires d’une étude doctorale menée au Québec sur les expériences de personnes TNB avec les services d’aide en cas d’addiction. Il plaide pour une approche de soins dite transaffirmative (réd.).  

Le concept de personnes trans et non-binaires (TNB) englobe un large spectre d’identités de genre qui peut se situer à différents points entre les pôles masculin et féminin, ou en dehors de ce cadre binaire. Le terme « trans » désigne les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance, tandis que « non-binaire » fait référence à des identités transcendant l’exclusivité des genres masculin et féminin [1].  

Dans cet article, le terme « personnes trans et non-binaires (TNB) » sera utilisé pour désigner l’ensemble des individus appartenant à cette pluralité de genre. Cependant, il est important de noter que ce terme ne capture pas pleinement la diversité des réalités vécues. Chaque parcours des personnes TNB est unique et ne se limite pas à des changements médicaux ou légaux. Il inclut également des ajustements sociaux et émotionnels complexes, façonnés par les contextes socioculturels et institutionnels ainsi que par les normes sociales de genre [2]. 

Durant ce parcours, les personnes TNB sont particulièrement vulnérables à des préjudices et violences liées à une expression de genre perçue comme non conforme aux normes sociales [2]. Elles doivent également composer avec le stress minoritaire, défini comme un stress chronique lié à la non-conformité de genre, qui découle de l’intériorisation de la stigmatisation, des préjugés et des discriminations transphobes [3]. Les oppressions multiples découlant de l’intersectionnalité, notamment en lien avec l’appartenance ethnique, l’orientation sexuelle ou le statut socioéconomique, renforcent les défis rencontrés et complexifient le parcours d’affirmation et de transition des personnes TNB [4]. La consommation de substances psychoactives (SPA) dans ce contexte peut représenter une stratégie adaptative permettant de soulager et gérer les divers traumatismes et stress minoritaires vécus [5].  

Toutefois, lorsque cette consommation devient à risque ou problématique, l’accès aux services de traitement des dépendances demeure un défi majeur pour les personnes TNB. Les structures cisnormatives, associées aux risques de stigmatisation et de discrimination transphobes dissuadent souvent les personnes TNB de recourir aux services de traitement des dépendances [6][7]. Ces obstacles sont encore plus prononcés pour des personnes TNB engagées dans un processus d’affirmation ou de transition sociale et médicale. Elles font face à des défis particuliers, tels que l’interruption du traitement hormonal, le non-respect de leur identité de genre, ainsi que des pratiques coercitives, comme l’obligation d’utiliser le nom assigné à la naissance ou d’accéder à des infrastructures sexospécifiques (douches, dortoirs) correspondant à leur sexe assigné [6][7].  

En parallèle, la littérature souligne un manque de formation adéquate des personnes intervenantes sur les enjeux liés à la pluralité des genres [6] [7]. Ce déficit de connaissances risque non seulement de limiter l’efficacité des traitements, mais aussi de les rendre nuisibles, exacerbant ainsi la méfiance et le désengagement des personnes TNB envers les services de traitement des dépendances [6][7].  

Malgré ces défis, plusieurs personnes TNB développent des stratégies de résilience sans nécessairement recourir aux services de traitement des dépendances. La résilience, entendue comme la capacité à s’adapter ou rebondir face à l’adversité, joue un rôle essentiel à l’amélioration du bien-être global [8]. 

Objectif et contexte de la recherche 

Dans cet article, nous présentons les résultats préliminaires d’une étude doctorale explorant les perspectives des personnes TNB sur la signification qu’elles attribuent à leurs expériences de consommation de SPA, leurs interactions avec les services de traitement des dépendances et de réduction des méfaits, ainsi que la construction de leur résilience face aux défis qu’elles rencontrent. Cette recherche est menée auprès de personnes TNB résidantes au Québec, ayant une consommation de SPA à risque ou problématique, dont certaines ont eu recours aux services de traitement des dépendances et de réduction des méfaits. 

Pour atteindre cet objectif, 28 entrevues semi-dirigées sont réalisées, offrant des données riches et ancrées dans l’expérience vécue des participant·e·s. Un comité collaboratif, composé de personnes TNB aux parcours variés, a été mobilisé durant cette étude, apportant une perspective éclairée et sensible au sujet. Cette démarche vise à créer un espace d’expression favorisant une meilleure compréhension des enjeux spécifiques aux personnes TNB, tout en contribuant à l’amélioration des pratiques dans les services qui leur sont destinés. 

Résultats préliminaires  

Les premiers résultats mettent en lumière plusieurs thématiques étroitement liées à la consommation de substances, au processus de résilience et à l’expérience des services des personnes TNB. Afin de respecter la confidentialité des participant·e·s, tous les prénoms ont été modifiés. 

Le rôle central des réseaux de soutien 

Un constat majeur est l’importance cruciale des réseaux communautaires et des soutiens sociaux dans le processus de résilience. Pour de nombreuses personnes TNB, ces réseaux constituent non seulement une source essentielle de soutien émotionnel, mais renforcent également leur sentiment d’appartenance. Les liens avec la famille, les ami·e·s et les groupes de pairs, en particulier au sein de la communauté TNB, jouent un rôle déterminant dans leur bien-être. 

Une participante, Camille, illustre cette dynamique: 

« Pour moi, c’est vraiment quelque chose qui résonne profondément, comme si cela avait créé un sentiment de communauté en moi. C’est presque comme si ça élargit l’amour que j’ai en moi… Donc, avoir rencontré ces personnes et avoir été introduite à ces cercles, ça m’a vraiment aidée à me sentir bien. À me sentir accueillie, à faire partie d’une communauté, et à développer ce sentiment d’appartenance à une communauté. » 

Ce sentiment d’appartenance agit comme un rempart contre l’isolement et les discriminations que les personnes TNB peuvent rencontrer dans d’autres sphères de leur vie. Le soutien de personnes partageant des expériences similaires est non seulement essentiel pour leur santé mentale, mais contribue également à leur processus de résilience. 

Les expériences des services  de traitement des dépendances  

Un autre thème central des récits des participant·e·s est l’importance d’adopter des approches de soins transaffirmatives, adaptées aux réalités spécifiques des personnes TNB. 

Max, un participant, critique les pratiques médicales qui s’appuient principalement sur les critères du DSM-5. Il souligne que ces approches, souvent trop rigides, marginalisent les personnes TNB en négligeant leur autonomie et leur expertise sur leur propre vécu. Max plaide pour des soins transaffirmatifs centrés sur la congruence de genre et le respect du consentement éclairé tout au long des parcours de transition médicale : 

« Respecter que c’est notre corps et notre décision.» 

Au-delà des dimensions médicales, Max insiste sur la nécessité de bâtir une relation de confiance entre les personnes TNB et les professionnel·le·s des services de santé et en dépendances. Iel met en avant l’importance pour ces dernier·e·s d’être informé·e·s et impliqué·e·s dans les réalités communautaires afin de mieux répondre aux besoins spécifiques des personnes TNB : 

« […] Elle était très informée sur mes réalités […] Elle le savait parce que c’est une personne qui est LGBTQ+ puis qui travaille dans le milieu. C’est une personne qui est appréciée par les personnes trans. » 

Cette connaissance approfondie favorise des interventions pertinentes et bien accueillies, tout en renforçant le lien thérapeutique. Max décrit ainsi l’impact positif d’une relation professionnelle fondée sur l’écoute et le respect : 

« Dans la première séance de thérapie, elle m’a comme un peu bombardé avec ça […] Avec l’amour et l’accueil, je veux dire. Puis après, je me suis senti tellement bien, puis ça a comme ouvert quelque chose. Puis j’ai comme pleuré quasiment tout le long. » 

Ces dynamiques relationnelles participent à créer un environnement où les personnes TNB se sentent reconnues, valorisées et en confiance, améliorant ainsi leur expérience des services de soins. 

Charlie partage son expérience personnelle en tant que personne non-binaire cherchant de l’aide dans les services de traitement des dépendances. Iel témoigne des obstacles supplémentaires rencontrés par les personnes TNB dans les services de traitements des dépendances, en raison de la double stigmatisation liée à leurs dépendances et à leur identité de genre.  

« En plus de l’oppression vécue au fait d’être dépendant, il y a aussi toute l’oppression vécue par rapport à l’homophobie et la transphobie. Le sentiment d’être marginalisé de la société. Ce sont des facteurs qui influencent ta dépendance et ta consommation. Il faut que les intervenants sachent, il faut qu’ils soient au courant des oppressions additionnelles…de la signification d’être queer et dépendant…c’est important pour t’aider, pour avoir une approche pour bien soutenir. »  

Enfin, Charlie met en lumière l’impact transformateur de l’acceptation de son identité de genre dans son parcours de rétablissement :  

« L’intervenante m’a donné la possibilité de changer le système.  Elle a donné une valeur à ma vie. Elle m’a fait réaliser que j’avais le droit de vivre…et ça, je ne me suis jamais laissé ce droit de vivre. Moi je pensais que j’allais mourir et consommer toute ma vie. Ce déclic a fait en sorte que j’ai vécu 12 jours sobre en étant bien. » 

 Ce témoignage souligne l’importance d’un environnement inclusif où les personnes TNB se sentent reconnues et validées dans leur identité de genre et soutenues dans leur démarche sans craindre d’être stigmatisées ou discriminées.  

Pour une approche transaffirmative 

Les personnes trans et non-binaires (TNB) expriment le besoin de programmes de traitement des dépendances et de réduction des méfaits qui tiennent compte de leurs expériences spécifiques, s’adaptent à leur réalité et offrent des environnements sûrs, accueillants et exempts de jugement. Elles plaident également pour la mise en place de services transaffirmatifs, intégrant une sensibilité culturelle accrue, la présence de modèles TNB parmi les intervenant·e·s, ainsi que des professionnel·le·s formé·e·s et sensibilisé·e·s aux enjeux propres à cette population. 

Les recherches soulignent l’importance de développer des services spécialisés, ou mieux adaptés, pour les troubles liés à la consommation de substances chez les personnes TNB, en adoptant une approche transaffirmative [5][6][7]. Définie dans Les standards de soins, version 8 de la World Professional Association For Transgender Health (WPATH), cette approche intègre des pratiques qui reconnaissent, valident et soutiennent les identités et les parcours d’affirmation et de transition de genre des personnes TNB [2]. Elle vise à réduire la stigmatisation, combattre la discrimination et promouvoir des environnements inclusifs et sécuritaires, tout en rejetant la pathologisation de l’identité de genre [2]. Centrée sur les besoins individuels et les réalités vécues, elle garantit le respect de l’autonomie des personnes concernées dans leurs démarches en contexte de soin [2]. 

Conclusion 

Les perspectives des personnes TNB enrichissent notre compréhension des besoins spécifiques de cette population, ouvrant la voie à des interventions plus inclusives et adaptées. Ces témoignages mettent en évidence l’urgence de concevoir des pratiques intégrant une sensibilité accrue et de mobiliser les ressources nécessaires pour renforcer l’inclusion des personnes TNB dans les services de santé et de traitement des dépendances. Il devient essentiel de sensibiliser un plus grand nombre de professionnel·le·s de la santé afin de garantir des trajectoires de services sécuritaires, respectueuses des droits des personnes TNB et conformes aux principes d’équité et de dignité au sein du réseau de la santé. 

Bibliographies  

  1. Beauchesne Lévesque SG., Labelle S., & Chenel F. Introduction aux concepts liés à la diversité des corps sexués, des genres et des sexualités. In : Cotton JC., Sansfaçon AP., & Courcy N.(eds). Pratiques psychoéducatives auprès des jeunes trans et non-binaires: Enjeux contemporains et approches innovantes. Québec : Presse de l’Université du Québec, 2024 : pp.13-43.
  2. Coleman E., Radix AE., Bouman WP., Brown GR., de Vries ALC., Deutsch MB., …Arcelus J. Standards of Care for the Health of Transgender and Gender Diverse People, Version 8. International Journal of Transgender Health 2022; 23:1-259.
  3. Testa RJ., Habarth J., Peta J., Balsam K., & Bockting W. Development of the gender minority stress and resilience measure. Psychology of Sexual Orientation and Gender Diversity 2015; 2(1):65.
  4. Hatchel T., & Marx R. (2018). Understanding Intersectionality and Resiliency among Transgender Adolescents: Exploring Pathways among Peer Victimization, School Belonging, and Drug Use. International Journal of Environmental Research and Public Health 2018; 15(6):1289
  5.  Connolly & Gilchrist G. Prevalence and correlates of substance use among transgender adults: A systematic review. Addictive Behaviors 2020; 111:106544.
  6. Lyons , Shannon K., Pierre L., Small W., Krüsi A., & Kerr T. (2015). A qualitative study of transgender individuals’ experiences in residential addiction treatment settings: Stigma and inclusivity. Substance abuse treatment, prevention, and policy 2015; 10:17.
  7.  Matsuzaka Transgressing gender norms in addiction treatment: Transgender rights to access within gender-segregated facilities. Journal of Ethnicity in Substance Abuse 2018; 17(4): pp 420-433.
  8. Luthar , Cicchetti D., & Becker B. (2000). The construct of resilience: A critical evaluation and guidelines for future work. Child development 2000; 71(3):543-562.
Article suivant chevron_right

    Recevez les infos du GREA

    Rue Saint-Pierre 3
    1003 Lausanne
    • +41 24 426 34 34
    • info@grea.ch
    • Actualités
    • Charte et Statuts
    • Faire un don
    • Devenir membre
    • Offres d’emploi
    • Location de salles
    • Communiqués de presse
    • Dans les médias
    • Politique de confidentialité
    • Contacts

    Design CREATIVES - Développement web FFLOW agency