septembre 2007
Pierre Duffour, responsable du service social du Tremplin, Fribourg
L’accompagnement social ambulatoire en général prétend améliorer le bien-être biopsychosocial des personnes toxicodépendantes 1. Peut-on rechercher l’évolution de ce bien-être auprès des personnes toxicodépendantes suivies socialement à travers le temps? L’hypothèse de départ de notre étude est d’admettre que les personnes toxicodépendantes perçoivent une amélioration de leur qualité de vie due à un accompagnement social par un centre social ambulatoire.
Le concept de qualité de vie subjective 2 défini par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) renferme les composants de ce bien-être biopsychosocial et servira de trame pour vérifier cette hypothèse. L’OMS est allée plus loin en définissant ce que représente une amélioration pour chaque domaine de la qualité de vie (physique, psychique, relationnelle et environnementale) et en établissant des questionnaires 3 y relatifs.
Les objectifs de cette recherche sont:
La question méthodologique est traitée de la manière suivante: l’établissement de deux questionnaires basés sur le WHOQOL-Bref et adaptés à la recherche, la passation de ce questionnaire en deux périodes de six mois d’intervalle concernant 3 périodes distinctes (la situation à l’entrée du service, la situation à la fin 2005 et la situation à l’été 2006). Ces questionnaires permettent la recherche d’une évolution par domaine sur la durée considérée. La méthode d’analyse statistique des données recueillies correspond à la moyenne fréquence.
Soixante-trois personnes ont été interviewées. Les résultats de la première passation permettent de présenter les niveaux de satisfaction par domaine.
La situation concernant la satisfaction de la qualité de vie dans les différents domaines de la qualité de vie a surpris positivement les travailleurs sociaux surtout au vu des caractéristiques de la population interrogée. Cette population est atteinte pour 47% des individus qui la composent par une pathologie reconnue par l’AI et 58% des individus se déclarent porteur d’une maladie (Hépatite C 54%, maladie psychique 20%, HIV 15% et maladie physique 11%)(voir schéma ci-dessous).
Ces résultats du premier questionnaire nous permettent d’obtenir des indications sur le degré d’insatisfaction et de satisfaction des personnes toxicodépendantes par rapport à leur qualité de vie et ceci pour l’année 2005, date de la première passation. Nous recherchons cependant à constater une évolution de cette qualité de vie allant dans le sens d’une amélioration. Les résultats de la seconde passation que nous présentons maintenant nous informent dans ce sens:
Ces données nous permettent dès lors d’affirmer que l’accompagnement social ambulatoire produit les effets suivants:
L’attention portée au concept de la qualité de vie subjective des personnes toxicodépendantes sur certains groupes cibles: homme/femme, classe d’âges, personnes à l’AI ou non, etc. permet de mieux cibler les effets de l’accompagnement social et de guider le travail social. Ainsi, nous avons pu mettre en évidence que les femmes toxicodépendantes ont une moins bonne estime d’elles-mêmes que les hommes mais qu’elles bénéficient plus vite et plus intensément d’une amélioration dans ce domaine par un accompagnement social. Cette étude permet aux professionnels de porter un regard complémentaire sur leur pratique et d’être attentifs à certains domaines suivant la provenance des individus qui nécessitent une prise en charge sociale.