décembre 2011
Esther Hartmann (Pro Mente Sana Suisse romande) et Barbara Broers ( HUG, SSAM, Genève)
L’association romande Pro Mente Sana travaille actuellement à l’élaboration d’un projet de formation et d’intégration de pairs aidants dans différentes institutions, associations et organisations intervenant dans le domaine de la santé mentale en Suisse romande.
Un pair aidant, tel que le définit l’association québécoise pour la réadaptation psychosociale 1, est un membre du personnel socioéducatif vivant ou ayant vécu un trouble psychique d’une certaine gravité. À partir de son expérience de la maladie, et de son processus de rétablissement, il aide ses pairs à surmonter les obstacles et à identifier ce qui leur permettrait de se rétablir.
L’apparition progressive de ce nouvel intervenant dans le domaine de la santé psychique est directement liée au mouvement du Recovery 2. Ce mouvement, qui a vu le jour aux États-Unis dans les années 90, réunissait des malades psychiques longtemps considérés comme inguérissables ou pour lesquels il n’existait plus de ressources psychothérapeutiques et qui s’étaient rétablis malgré ces pronostics défavorables. Rapidement, des professionnels engagés et des proches se joignirent à ce mouvement. Depuis, les tenants du rétablissement attirent l’attention sur le fait qu’il est aussi possible de se rétablir de maladies psychiques sévères et que le préjugé selon lequel une personne malade est condamnée à le rester toute sa vie est infondé. Ils informent les autres personnes concernées et les proches sur les possibilités de rétablissement et aident les professionnels à orienter leur traitement plutôt sur le rétablissement qu’exclusivement sur l’évitement des crises ou le contrôle des symptômes.
Le pair aidant est donc associé à une philosophie qui reconnait des compétences et une parole aux usagers des services de santé mentale. Il est issu d’un changement de paradigme qui conduit les services traditionnels à donner un droit à la parole, à l’action et à la prise de décision à l’usager. Le pair aidant devient alors partenaire de ce bouleversement des pratiques professionnelles. Par sa présence et son activité, il questionne les pratiques institutionnelles usuelles et teste leur capacité à adopter de nouvelles conduites.
L’implantation de ce nouvel intervenant dans le champ de la santé mentale nécessite l’engagement de l’équipe pluridisciplinaire sur une voie dans laquelle l’expérience des usagers et leur parole sont reconnues, considérées comme expertises et sources d’enrichissement pour l’institution.
Plusieurs mandats peuvent être confiés à un pair aidant au sein d’une organisation. Il peut par exemple coanimer des groupes sur le rétablissement, participer à la réflexion en équipe sur des projets de soins globaux, informer des équipes sur le concept de rétablissement, prendre part à des activités sociales ou récréatives, accompagner un usager dans différents projets, etc.
Afin d’intégrer ce nouveau professionnel, l’institution, comme les différents professionnels qui travailleront à ses côtés, devront élaborer une réflexion sur les modalités d’intervention qu’ils souhaitent lui proposer. Il est en effet indispensable de déterminer clairement la place qui lui sera réellement proposée. Dès lors, les différents professionnels seront amenés à mener une réflexion sur leur propre fonction et sur le rôle de chacun. Ceci conduira à interroger l’identité professionnelle de chaque intervenant. Intégrer un pair aidant dans une équipe signifie qu’un nouveau collaborateur est accepté et qu’il interviendra dans des activités jusqu’alors réservées à des professionnels «classiques». Ces derniers accepteront alors de renoncer à une partie de ce qu’ils considéraient comme faisant partie de leurs cahiers des charges.
Il convient donc de se poser la question de la pertinence de ce changement ainsi que de sa validité. Qu’apporte véritablement un pair aidant ? Est-il nécessaire d’intégrer un pair aidant au sein de son institution pour orienter cette dernière vers le «Rétablissement» ? Comment avoir confiance en ce nouvel acteur ? Quels seraient les écueils à éviter ?
Différents témoignages et recherches permettraient de répondre, en partie du moins, à ces interrogations légitimes3. Une expérience néerlandaise est décrite ci-contre. Elle met en évidence l’intérêt de l’intégration des pairs aidants au sein d’équipes pluridisciplinaires sans faire l’impasse sur les obstacles qu’il convient d’éviter ou de surmonter.
Les personnes qui sont intéressées par les activités, les publications et les cours proposés par Pro Mente Sana, peuvent prendre contact avec l’association romande Pro Mente Sana soit en téléphonant au 0840 00 00 60 soit au travers de son site internet: www.promentesana.org.
En ce qui concerne le projets pairs aidants, il est également possible de s’adresser directement à Mme Esther Hartmann par courriel ou au 022 718 78 44.