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  1. Page d’accueil
  2. Dépendances
  3. Dépendances 11
  4. Dépendances aux drogues illégales et prostitution

Des femmes au genre: que penser de la différence des sexes?
Patricia Roux (Université de Lausanne)
Des espaces non mixtes en institution
Violaine Bernard (ARGOS/CRMT)
L’approche spécifique hommes dans le domaine de la dépendance
Herbert Müller (Casa Fidelio) ; Traduction: Claire Roelli (COSTE)
Les besoins spécifiques des femmes dans le domaine des toxicodépendances
Marie-Louise Ernst (OFSP)
Un réseau d’accompagnement des mères toxicomanes et de leurs enfants
Anne Dentan (Rel’ier) ; Caroline Alvarez (Service de protection de la jeunesse) ; Brigitte Nicod
Dépendances aux drogues illégales et prostitution
Valérie Dupertuis (Fleur de pavé) ; Geneviève Ziegler (Fleur de pavé)
Alcool et toxicomanies: faut-il une approche spécifique selon le sexe?
Anne-Catherine Menétrey (psychologue)

Dépendances 11 - Pour une prise en compte des rapports hommes-femmes: Dépendances aux drogues illégales et prostitution

septembre 2000

Dépendances aux drogues illégales et prostitution

Valérie Dupertuis (Fleur de pavé) ; Geneviève Ziegler (Fleur de pavé)

Fleur de pavé, un projet de santé communautaire avec des personnes prostituées à Lausanne, a vu le jour en 1996. Une équipe d’intervenantes composée conjointement de femmes prostituées et de femmes formées dans le champ du médico-social propose, depuis quatre ans, des permanences trois fois par semaine la nuit, dans un bus sur les lieux de la prostitution de rue. Une présentation permettant la réflexion

Le travail de Fleur de pavé a rencontré une large adhésion de la part du public cible des utilisatrices: nous avons passé d’une moyenne de 12 à 22 personnes rencontrées par soir, ceci entre le début et la fin de l’année 99. Le financement est actuellement assuré par la Ville de Lausanne, le canton de Vaud et l’OSEO (bureau de réductions des risques).

L’histoire et les objectifs de Fleur de pavé s’inscrivent dans trois des recommandations de l’étude «Points de vue sur les toxicodépendances des femmes en Suisse romande» 1 à savoir :

prise en compte de la dimension relationnelle dans la demande d’aide; aménagement des structures tenant compte de la demande des femmes (accessibilité et type de prestations);

sensibilisation du grand public ainsi que des professionnel·le·s à une approche des genres.

Une porte d’entrée dans un domaine méconnu

Ce projet est né dans le champ toxicomanie ; c’est au nom de cette préoccupation que nous avons souhaité développer une réflexion sur la question des besoins spécifiques des femmes toxicomanes particulièrement marginalisées: celles qui se prostituent. Dans le même temps, la ville de Lausanne a proposé de réfléchir aux différentes prestations offertes aux femmes en grandes difficultés ainsi qu’à la question de l’accès à ces prestations. Une recherche d’information nous a amenées à interroger six femmes toxicomanes prostituées pour comprendre leurs conditions de vie et leurs besoins. Très rapidement, le projet d’une permanence d’accueil sur les lieux de travail des personnes qui se prostituent a été formulé: un bus offrant café, seringues, préservatifs et espace de parole a été mis en place. L’équipe de base a été renforcée par des femmes actives professionnellement dans le réseau toxicomanie à Lausanne. Ce fut le cas des pionnières de l’équipe médico-sociale. D’autres femmes avec expérience de la prostitution et non dépendantes ont été recrutées pour compléter l’équipe d’intervenantes. La parité (le partenariat) dans l’équipe, entre des femmes venant d’horizons différents, chacune avec sa formation et ses expériences propres, est au cœur de notre action: la confiance dont nous bénéficions dans ce milieu repose sur cette double appartenance des intervenantes. Nous savons aussi que ce partenariat est parfois difficile à vivre.

D’emblée, les utilisatrices du bus nous ont fait comprendre que leurs réalités étaient multiples et que leurs activités dans la prostitution étaient le fil rouge de notre action: quelles soient très jeunes, Suissesses, clandestines, consommatrices de drogue, exerçant la prostitution de manière occasionnelle, la rencontre s’est faite sur le plan humain, entre femmes, et l’exercice de cette profession en est le centre.

Au début de notre intervention sur les lieux de prostitution, nous avons été confrontées à une stigmatisation très forte des femmes prostituées toxicomanes de la part des prostituées qui ne l’étaient pas. Les consommatrices de drogue étaient soupçonnées de mettre à mal les règles sanitaires (ne pas utiliser systématiquement le préservatif) et celles des tarifs. Ces représentations négatives de la femme toxicomane «prête à tout» pour de l’argent étaient aussi véhiculées par la presse d’alors, prompte à faire des amalgames et des généralités. Lors des premiers mois de permanences, ce thème a été très présent dans les discussions à l’intérieur du bus. Il y avait souvent des rumeurs sur «celle-là, elle a fait ça, pour ce prix-là!». Au fil des ans, le bus a servi de lieu de rencontres entre des femmes aux réalités de vie différentes, qui, peu à peu ont commencé à se tolérer puis, pour certaines, à sympathiser. Certaines, parmi les «droguées», sont devenues des personnes avec des prénoms; certaines des femmes non dépendantes ont été perçues comme étant moins agressives et intolérantes. Actuellement, les femmes dépendantes et les autres se partagent l’espace du bus. La remise de seringues stériles suscite beaucoup moins de peur et de remarques négatives. Dans le domaine sanitaire, il y a eu prise de conscience que les questions liées au VIH concernent bien toutes les femmes et que la prévention en la matière est la même pour toutes: le préservatif.

Ce travail sur les représentations ne concerne pas que les utilisatrices du bus. En effet, au sein même de l’équipe des intervenantes, nous faisons au jour le jour un travail collectif sur nos représentations; nous construisons notre équipe par une démarche d’apprivoisement mutuelle. Cette démarche, qui a parfois suscité des tensions importantes, est, selon nous, garante de la continuité de l’association, car elle crée le lien entre des réalités différentes et complexes.

Pour toutes les intervenantes, cela doit être considéré comme une formation continue qui est, pour les unes et les autres un outil indispensable lors des permanences dans le bus. Pour les intervenantes issues du domaine médico-social, cela les prépare à être attentives et disponibles pour faire une place et accepter une réalité multiple, parfois houleuse mais de toute façon complexe. Pour les intervenantes ayant une expérience de la prostitution, cela les renforce dans leur rôle d’ intervenantes, présentes dans le bus pour accueillir et orienter des personnes dans le réseau médico-social.

Aujourd’hui

Depuis près d’une année, nous constatons une fréquentation accrue du bus de la part de femmes migrantes ce qui nous a confrontées à d’autres types de questions:

  • Comment communiquer avec ces personnes? Comment parler de prévention? Comment promouvoir concrètement l’utilisation des préservatifs, du lubrifiant, dans d’autres langues et avec des repères culturels qui nous échappent?
  • Comment orienter ces femmes dans le réseau médico-social en particulier pour celles qui sont clandestines?
  • Et, par-dessus tout, comment instaurer une relation de confiance, même rudimentaire, si ces femmes savent qu’elles ne resteront pas longtemps au même endroit et … que nous le savons aussi?

Face à ces interrogations nous cherchons à nous adapter et à trouver des ressources, principalement dans le réseau lausannois, pour pouvoir répondre à cette situation nouvelle pour nous et qui, il faut le dire, nous interroge beaucoup. Pour l’instant, nous cherchons à élargir notre équipe d’intervenantes avec des femmes issues de ces communautés.

Dans ces conditions, et en lien avec les situations de rue rencontrées, nous pensons que la prostitution doit être appréhendée dans toute sa complexité : la focalisation sur l’étiquette de toxicomanie qui a été, dans le cas de Fleur de pavé, une porte d’entrée pour accéder au domaine de la prostitution de rue à Lausanne, n’est actuellement plus suffisamment pertinente pour comprendre la réalité dans laquelle nous évoluons.

Les problématiques qui apparaissent aujourd’hui comme centrales s’articulent bien plus autour de l’exclusion sociale et de ses conséquences. Et là, c’est encore une autre histoire…

11_6_Dependances-aux-drogues-illegales-et-prostitution_Dupertuis_Ziegler_Dependances_2000.pdf
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  1. Points de vue sur les toxicodépendances des femmes en Suisse romande. Enquête sur la demande et l’offre d’aide spécialement destinée aux femmes. Femmes, dépendances, ISPA, 1998.[↑]

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