septembre 2000
Un numéro de dépendances consacré aux genres. Idée surprenante!
Des espaces séparés spécifiques femmes, ou spécifiques hommes, n’est-ce pas là un retour à l’obscurantisme? Parfum de déjà connu, mais souvenez-vous donc de ces écoles du début du siècle:une porte pour les garçons qui travaillaient les mathématiques et les sciences exactes, une porte pour les filles reléguées aux tâches domestiques au travers des très vertueuses écoles ménagères. La différence c’est que la ségrégation spatiale d’alors conduisait les uns et les autres à des rôles assignés définis et socialement construits.
Alors que les ateliers thématiques non mixtes d’aujourd’hui permettent une réflexion critique sur les rôles, l’identité, sur ce que signifie être femme et toxicodépendante ou être homme et toxicodépendant, sur ce qui se joue dans ma relation à l’autre, et dans ma consommation.
Fascinant de constater dans ce numéro de dépendances que les initiatives prises pour développer des espaces de parole sexo-spécifiques pour les femmes ont chaque fois eu une incidence sur les hommes qui, eux aussi, revendiquent à leur tour de pouvoir réfléchir sur leurs spécificités masculines.
Poser sa réflexion autour du concept de genre c’est s’autoriser à interroger l’organisation sociale de la relation entre les genres, c’est aussi intégrer qu’il est indispensable de comprendre que les différences de sexe ne sont pas à l’origine des inégalités entre hommes et femmes, mais au contraire que l’inégalité de ces rapports va permettre la construction des différences.
Mais nous savons toutes et tous que, dans les sphères du pouvoir et dans les espaces de prise de décisions, la parité est encore trop souvent une utopie. Peut-être serait-il enfin temps de s’inscrire dans une perspective des genres qui nous permette de conjuguer à deux voix notre avenir commun.
Viviane Prats (Collaboratrice ISPA, coordinatrice plate-forme romande Femmes; dépendances)