octobre 2013
Les mutations sociétales ont augmenté le poids qui pèse sur les épaules de nombreuses familles. Alors que les exigences envers les nouvelles générations de parents sont devenues plus intenses et plus variées, les réseaux de soutien social traditionnels sont souvent plus aléatoires. Le quotidien de nombre de mères et pères est marqué par un déséquilibre croissant entre les charges d’un côté et les ressources vitales, sociales et matérielles en diminution. De plus, dans une société où la responsabilité individuelle est constamment mise en avant, les parents se voient submergés de nombreuses injonctions, pendant que les faits divers ne mettent en avant que des drames de maltraitance.
Les professionnels des addictions se retrouvent devant une double responsabilité. D’une part, on ne peut négliger les résultats scientifiques qui démontrent clairement que les styles d’éducation et de communication des parents ont une influence déterminante dans la prévention des problèmes d’addiction chez les enfants et les jeunes, lorsque ces styles comprennent la fiabilité, l’attention, un encouragement ciblé en fonction de l’âge, des attentes claires et un positionnement face à l’alcool et autres drogues. D’autre part, il s’agit pour les professionnels d’éviter l’écueil de la stigmatisation des parents qui ne correspondent pas à ces critères, mais bien de chercher à les soutenir dans leur tâche éducative.
Bien évidemment, le contexte social et les politiques familiales globales mériteraient une attention particulière tant elles sont décisives. Ce n’est pas l’objet principal de cette édition de dépendances qui explore les liens entre parentalité et addictions sous plusieurs facettes, avec un focus sur les pistes d’actions pour les professionnels du domaine de la prévention, mais aussi du traitement. Quelques projets implantés en Europe y sont notamment explicités. Ils mettent en avant la collaboration indispensable avec d’autres institutions concernées par la famille, mais aussi et surtout l’attitude de bienveillance et de soutien qui doit prévaloir dans chaque action. Cette ouverture au dialogue est aussi à encourager entre parents et adolescents, qui, s’ils évoluent dans un monde qui n’est plus celui de leurs parents, notamment en terme d’évolutions technologiques et numériques, n’en restent pas moins avides de repères clairs de la part des adultes qui les entourent.
Corine Kibora (Addiction Suisse)