décembre 2002
Cocaïne. Un nouvel ancien produit qui réapparaît plus ou moins régulièrement.
L’usage de ce psychotrope préoccupe les acteurs de terrain pour différentes raisons que nous avons essayé de cerner dans ce numéro. Parce qu’elles ne sont pas si évidentes qu’il n’y paraît. En effet, lorsque nous interpellons les professionnels, nous avons constaté que peu de structures, notamment dans le secteur ambulatoire, bénéficient d’une procédure spécifique pour les usagers de ce produit. Du côté de certains médecins, c’est le manque de «médicament» qui limite l’action. En termes de réduction des risques, les difficultés liées aux usagers de ce produit sont abordées mais cette approche n’a pas, pour l’instant, donné de réponses appropriées à l’usage de la cocaïne. Nous avons poursuivi notre questionnement en essayant de trouver les «fameux» consommateurs-trices des milieux financiers, étudiants, médicaux, etc. qui useraient de ce produit de manière récréative. Comme ces personnes n’ont pas de contact avec les réseaux classiques de soins, nous avons aussi été limités. Nous nous sommes demandés si, finalement, la cocaïne n’était pas qu’un problème de marché: lorsque ce produit arrive sur le marché à bas prix, il est consommé et lorsqu’il en disparaît, le problème disparaît avec lui.
Et, étonnamment, avec toutes ces difficultés, nous vous proposons un numéro qui, sans prétention, nous paraît faire le tour de la question aujourd’hui. Nous abordons le commerce de la cocaïne et ses diverses facettes en constatant que les aspects économico-politiques ont, une fois de plus, une influence déterminante sur la consommation de produits psychotropes. Nous apprendrons quels sont les effets neurobiologiques de la cocaïne. Nous ferons le tour des différentes actions menées à Bienne autour de la consommation de ce produit. Nous aurons un inventaire assez complet des moyens de traitements à disposition. Nous prendrons connaissance de témoignages de quelques-unes de ces personnes qui, durant un certain temps, ont usé de la cocaïne de manière récréative et qui ont «glissé». Et nous finirons par une réflexion sociologique sur la question de la gestion des drogues dites dures. De quoi nourrir la réflexion.
Gérald Progin (secrétaire général du GREAT)