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  4. Hypnose et addiction

Les états modifiés de conscience
Jean-Dominique Michel (anthropologue de la santé, formateur, Genève)
Et si les drogues étaient en réalité bien moins addictives qu’on ne le pense ?
Interview de Carl Hart par François Roulet
Place des thérapies basées sur « un état de conscience modifié » dans le champ des addictions
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Hypnose et addiction
Dr Gérard Salem ( directeur et formateur à Consyl, Lausanne)
L’application des interventions basées sur la pleine conscience dans le domaine des addictions
Daniela Dunker Scheuner et Valérie Rossier (DP-CHUV, Lausanne)
Psychothérapie et médication psychotrope : qu’est-ce qui fait que nous ne sommes pas des dealers ?
Jeorge M. Riesen (superviseur DAS en TCC)
Les hallucinogènes dans la thérapie des addictions
Dr. med. Robert Hämmig (Société Suisse de Médecine de l’Addiction)

Dépendances 52 - Les états « modifiés » de consciences: Hypnose et addiction

juin 2014

Hypnose et addiction

Dr Gérard Salem ( directeur et formateur à Consyl, Lausanne)

Pour la personne, l’addiction s’exprime presque toujours, dans un premier temps, par l’octroi de plaisir occasionnel ou, par l’acte, tenter de se soustraire à une douleur, à une souffrance. Pour l’usage de l’hypnose dans le champ thérapeutique, la démarche fait appel au même principe et l’hypnothérapeute tente de rejoindre la personne dans son mouvement intentionnel. L’expérience hypnotique semble, par ses effets naturels, comparables aux effets recherchés dans l’addiction. Elle se substituerait avantageusement. Cela procède en quelque sorte d’un échange d’expérience d’état modifié de conscience contre un autre. Echange permettant un nouvel apprentissage sous forme d’expérience. La charge de blâme et de honte qui accompagne bien souvent l’addiction exclue, la restauration de l’estime de soi et la confiance du patient est dès lors envisageable.

Imiter le mouvement intentionnel

La philosophe genevoise Jeanne Hersch dit quelque part dans ses écrits que comprendre quelqu’un, c’est imiter son mouvement intentionnel. Cette phrase décrit exactement quelle devrait être l’attitude première d’un soignant envers son patient, en particulier s’il recourt à l’hypnose pour soulager ses souffrances. Milton Erickson, le psychiatre américain qui a révolutionné l’hypnose dès le milieu du siècle passé, ne procédait pas autrement. Offrant toujours une attention de haute qualité à ses patients, doté d’une intuition peu commune, il savait « entendre entre les mots », lire les expressions du visage et du corps, deviner l’intention cachée. Pour aborder l’usage de l’hypnose dans la thérapie des addictions, il me semble intéressant de recourir au même principe en essayant de saisir le mouvement intentionnel d’une personne souffrant d’addiction.

On le sait, presque toujours, il s’agit dans un premier temps pour le sujet, de se donner du plaisir occasionnellement, ou d’échapper à une douleur, une souffrance, un mal-être, par un acte. Cet acte consiste à consommer une substance donnée (alcool, tabac, drogue, nourriture), ou à se livrer à une activité particulière, de sorte d’éprouver une forme d’ivresse (jeu excessif, conduite extrême, workholisme, fièvre acheteuse, etc.). Cet état peut revêtir un attrait suffisant pour que le sujet soit tenté d’y revenir, surtout s’il répond à un besoin de celui-ci. Dans un deuxième temps, cet acte se répète indéfiniment sans que le sujet en conserve le contrôle : il est sous son emprise – une emprise d’intensité variable, souvent croissante.

La demande d’hypnose

Les praticiens d’hypnose, psychiatres, psychologues, omnipraticiens, infirmières reçoivent aujourd’hui maints patients qui leur demandent de les aider à faire un sevrage d’alcool ou de tabac. La demande peut s’étendre à d’autres formes d’addiction, du cannabis aux benzodiazépines, en passant par les drogues dures. Le sevrage par hypnose peut compléter utilement les prescriptions de médicaments, et dans certains cas même se substituer à ceux-ci.

Mais l’hypnose prouve aujourd’hui son utilité même après la phase du sevrage physique, lorsqu’il s’agit de redécouvrir ce qu’est la vie sans conduite addictive.

L’hypnose médicale est une méthode thérapeutique non spécifique d’abord, consistant à faciliter la survenue d’états modifiés de conscience chez le patient, en vue de soulager ses souffrances tout en stimulant ses compétences psychobiologiques. Ces états modifiés de conscience sont caractérisés par une modification de la perception du sujet, perception de soi, de son corps, de sa personnalité, de ses souffrances. En médecine comme en psychiatrie, elle est utilisée pour améliorer les symptômes physiques ou psychiques du patient, ou comme complément utile aux autres mesures thérapeutiques, par exemple pour motiver le patient à s’autonomiser et à prendre soin de lui-même.

De ce fait, l’alliance et le style de relation qui s’instaurent entre le patient et l’hypnothérapeute sont des facteurs déterminants dès la première rencontre (comme dans n’importe quelle relation thérapeutique). Soyons plus précis : le talent d’un hypnothérapeute consiste à réveiller le talent du patient. Sa façon de catalyser les ressources naturelles du patient (« aires fonctionnelles du Moi ») permet à celui-ci non seulement de s’acheminer vers la guérison, mais de différencier sa personnalité en permettant une meilleure affirmation de soi.

Survol historique rapide

Les phénomènes hypnotiques sont vieux comme le monde. Leur usage thérapeutique date du chamanisme antique et survit de nos jours dans les médecines dites parallèles. L’Occident y est venu plus tardivement. Au XVIe siècle, le jésuite Athanase Kircher hypnotisait des gallinacés, à titre expérimental. Au XVIIIe siècle, Anton Mesmer, médecin allemand, soignait ses patients par le « magnétisme animal ». Au siècle suivant, l’un de ses suiveurs, le chirurgien écossais James Braid a décrit ce phénomène comme un « sommeil nerveux », popularisant cette assimilation erronée de l’hypnose à du sommeil. Au XIXe siècle, Jean-Martin Charcot reste avec Pierre Janet une des grandes figures de l’hypnose en France.

Élève passager de Charcot à la Salpêtrière, profondément influencé par l’hypnose dans son invention de la psychanalyse, Freud a renoncé à cette discipline en prétendant qu’elle ne résolvait rien, le symptôme initial étant selon lui remplacé par d’autres symptômes substitutifs. De ce fait, l’hypnose a connu un important recul en France, hormis les précieuses contributions de Léon Chertok, et ce jusque dans les années 1990 (alors que nombre de travaux se développaient en Union Soviétique et plus tard aux USA).

Aujourd’hui, l’imagerie cérébrale permet d’observer et de mesurer de façon inédite le fonctionnement du système nerveux central ou du système nerveux digestif, et confirme les effets de l’hypnose sur les circuits neurobiologiques. L’état hypnotique n’est pas un état de sommeil. Bien au contraire, c’est un état vigile (tracé de veille à l’EEG), et même de veille paradoxale (pour reprendre une formule de François Roustang), qui est en miroir avec le sommeil paradoxal (comme le neurobiologiste Michel Jouvet désignait le rêve). La découverte des neurones-miroirs et de la neuroplasticité cérébrale ouvre des perspectives prometteuses dans la recherche clinique ou expérimentale, et confirme maintes observations des hypnothérapeutes.

L’hypnose est utilisable en beaucoup de domaines thérapeutiques. Elle connaît aujourd’hui un important essor, grâce à l’impulsion donnée par Milton Erickson dès le milieu du XXe siècle. Ses applications se multiplient dans les hôpitaux comme en clinique ambulatoire, chez les adultes comme chez les enfants et les personnes âgées. Véritable art relationnel, elle permet d’accompagner toutes les formes de souffrance liées à la perception : anxiété, angoisse, douleur infligées lors d’interventions, syndromes douloureux aigus ou chroniques, altération de la perception de soi-même, d’autrui ou de l’environnement, gêne sensorielle, perturbations émotionnelles, et ainsi de suite.

Phases du processus hypnotique et formes d’application

L’induction est la provocation de l’état hypnotique. Elle peut être exécutée par le médecin sur le patient ou par le patient sur lui-même (autohypnose). Elle recourt à une focalisation intense de l’attention sur un stimulus sensoriel (visuel, cénesthésique, auditif), accompagnée de suggestions. Les métaphores et les suggestions facilitent l’installation d’un état dissociatif propice grâce auquel le sujet fait une expérience correctrice. Celle-ci va le soulager ou même parfois le guérir de son trouble.

Des suggestions post-hypnotiques servent à assurer l’ancrage mnésique de cette expérience, assimilable à un apprentissage significatif (concept sur lequel Erickson mettait l’accent).

L’hypnose peut être pratiquée de façon autoritaire et directive (école traditionnelle) ou de façon indirecte et permissive (école ericksonienne), selon le thérapeute, selon les situations, selon l’état actuel et le profil de personnalité du patient. L’approche directive recourt volontiers à des suggestions directes (vous vous sentez de plus en plus détendu, votre respiration s’approfondit, la douleur et les nausées s’en vont), alors que l’approche permissive préfère les suggestions indirectes, métaphoriques ou narratives (dans le cas d’une dyspnée par exemple : vous le voyez, ce navire qui s’éloigne toutes voiles gonflées vers l’horizon ?). Dans les deux situations, la réactivité accrue du patient aux suggestions permet d’obtenir une détente profonde, qui permet de se détacher du symptôme (ou du thème problématique), et de l’examiner à distance (dissociation).

Certains automatismes sont facilités (catalepsie, automatismes idéo-moteurs, lévitation de la main, mouvements pseudo-athétosiques). Ils sont ratifiés et commentés par le thérapeute en vue du changement escompté (recadrages thérapeutiques). L’expérience, lorsqu’elle est réussie, est vécue comme correctrice et peut amener un changement significatif dans l’équilibre psychobiologique du sujet et dans ses motivations.

Soigner une addiction

Les spécialistes de l’addiction considèrent aujourd’hui que les personnes qui en sont victimes sont piégées dans un comportement répétitif, de plus en plus prévisible. Qu’en outre ces personnes perdent le contrôle de leur comportement addictif et que tout appel à la volonté devient inutile. Qu’enfin, elles ont tendance à dénier les conséquences de leur addiction. Une évolution décisive semble se faire dans la redéfinition et le traitement des dépendances en tout genre. Les addictologues revendiquent pour le sujet dépendant le statut de malade au sein d’une société addictogène. Ainsi, la honte, la culpabilité, la responsabilité ne sont plus de mise. (Du point de vue des thérapeutes ericksoniens, ce « recyclage » du concept de dépendance en termes de maladie est certes utile pour la protection et la dignité du patient, mais reste problématique sur le plan thérapeutique, puisqu’il s’agit ici encore d’une nouvelle étiquette, qui le réifie médicalement au lieu de lui restituer son identité de sujet).

Par ailleurs, il est capital de comprendre l’histoire et les raisons de cette addiction. Ceci facilitera la remotivation du patient à renoncer à son addiction, et l’aidera à restaurer sa capacité de décider par lui-même (comme le souligne entre autres Michel Lejoyeux, qui dirige un service d’addictologie à Bichat).

Maintes stratégies thérapeutiques sont déployées : soutien et accompagnement souple, sevrage progressif, substitutions médicamenteuses, entretiens motivationnels, entraînement à la balance décisionnelle, programmes de thérapie cognitivo-comportementale, thérapie de couple ou de famille, groupes de paroles, exercices de relaxation ou de pleine conscience, hypnothérapie, psychothérapie, etc. L’accent est mis sur le travail d’équipe et l’interdisciplinarité. Examinons de plus près l’apport de l’hypnose dans ce paysage.

Hypnose et addiction

Le thérapeute informe d’abord le patient de cette méthode, démystifie ses aspects magico-religieux et les préjugés qui l’entourent. Il est essentiel de créer une bonne alliance, dans un climat de sécurité et de confiance. Il est rare que l’on pratique l’hypnose dès la première rencontre. Le choix du procédé varie selon les patients et selon l’objectif visé.

Dans n’importe quelle forme d’addiction, il est utile que le patient expérimente une détente profonde, qu’il explore en toute sécurité ses capacités de modifier sa perception physique, émotionnelle et mentale de lui-même, de sorte à diminuer sa réactivité aux stimuli (stress, anxiété, craving, etc.). À cette occasion le thérapeute peut lui suggérer de créer et d’ancrer une zone de sécurité en lui (safe place), associant le plus souvent la représentation d’une scène plaisante à une sensation corporelle agréable et rassurante.

Ce lieu de sécurité personnel l’aidera par exemple à supporter les sensations liées au manque et au craving, en leur substituant une sensation de félicité naturelle, qui ne dépend pas du tout de la consommation d’une substance ou d’un passage à l’acte compulsif.

L’induction est provoquée par des suggestions en chaîne (focalisation de l’attention sur un stimulus sensoriel, ou sur un thème narratif dans l’hypnose indirecte). Le thérapeute favorise des associations d’idées et d’images entre le comportement psychomoteur du patient, le type de sensations qu’il éprouve et de pensées qui lui viennent, et l’objectif visé par l’intervention thérapeutique (allégement du symptôme, changement de disposition psychologique, motivation nouvelle).

Des suggestions post-hypnotiques viennent consolider les effets de l’expérience pour les heures ou les jours qui suivent. Le patient est souvent invité à s’exercer seul aussi, entre les séances thérapeutiques, en pratiquant une méthode d’autohypnose similaire à celle qu’il a vécue pendant la séance, et que le thérapeute lui enseigne. Il est recommandé aussi pour le patient de s’entraîner à l’autohypnose en groupe avec d’autres patients, parallèlement aux séances individuelles.

Il importe aussi de repérer rapidement les ressources du patient (et de son entourage proche). En d’autres termes, ce qui n’est pas altéré et qui « va bien », pour le mettre à profit dans l’intervention thérapeutique (capacités intellectuelles, imagination, habileté manuelle, marottes inattendues, aptitudes créatives, apprentissages antérieurs, expériences de résilience, relations affectives significatives et précieuses, etc.).

Une expérience substitutive

Il importe d’offrir avant tout une présence attentive à la personne du patient, à son histoire, à son milieu, à la manière dont il s’est laissé prendre par l’addiction. Puis d’explorer avec soin quels effets sont recherchés au moyen de l’acte addictif, aussi bien sur le plan physique que sur le plan émotionnel, psychologique et mental. Le plus souvent, il s’agit de bien-être, ou de soulagement, ou de galvanisation, éventuellement d’ivresse. Ces effets entrent dans la catégorie des états modifiés de conscience, tout comme l’hypnose, quelle que soit la substance consommée ou la conduite itérative en cause. En ce sens, les personnes souffrant d’addiction sont favorablement prédisposées à l’hypnose, dont les effets leur seront plus familiers et plus immédiatement sensibles qu’à d’autres sujets.

Comme on le voit, les choses se passent comme si l’expérience hypnotique, semblable par ses effets naturels aux effets recherchés artificiellement dans l’addition, se substituait de façon avantageuse à cette dernière.

En quelque sorte, l’on troque un état modifié de conscience contre un autre. Cette expérience équivaut à un apprentissage nouveau comme l’aura été l’addiction, recadrée elle aussi comme un apprentissage, mais incluant des désagréments dont l’hypnose est complètement dépourvue. Ce recadrage a l’avantage de désamorcer toute la charge de blâme et de honte qui accompagne l’addiction et de restaurer un peu d’estime de soi et de confiance chez le patient, ce qui renforcera son désir de consolider ses progrès.

52_4_Hypnose-et-addiction_Salem_Dependances_2014.pdf
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