novembre 2022
Hormis en temps de guerre, où il a très mauvaise réputation, le terme « collaboration » est généralement associé à un sentiment très positif, comme le sont aussi d’autres termes qui circulent abondamment en ce premier quart de XXIème siècle comme « coordination », « coopération » ou « participation ».
Mais de quoi parle-t-on et comment le fait-on, quand on collabore ? Un simple échange d’information ou, à l’autre extrême, des processus de partage et d’échange de savoirs, incluant directement celle ou celui (l’Autre) qui fait l’objet de cette collaboration ? Ce qui est sûr, c’est que les personnes qui ont été confrontées de manière prolongée aux services sociaux et/ou au système de santé, pour soi-même ou pour un proche, savent très bien à quel point la collaboration et la coordination sont généralement difficiles dans la réalité. Les logiques institutionnelles et professionnelles, les contraintes budgétaires et managériales, semblent se liguer pour fractionner les actions et les décisions, empêcher la circulation de l’information, multiplier les intervenants et intervenantes, etc. Comment y remédier ?
Comme à son habitude, la revue Dépendances vous convie à une exploration des enjeux de la collaboration à travers huit articles qui s’intéressent aux aspects théoriques et pratiques de celle-ci. Ce travail a pu s’appuyer sur une journée organisée par le GREA et le CoRoMA intitulée « Médecine et addictions : comment favoriser l’interdisciplinarité ? » qui s’est tenue le 30 juin de cette année à Lausanne. Nous avons ensuite demandé à plusieurs intervenantes et intervenants qui ont participé à cet évènement de prendre encore une fois la plume et de nous proposer leur vision des enjeux de la collaboration. La plupart de ces personnes ont accepté, qu’elles en soient ici remerciées.
Elles n’ont par contre aucune responsabilité dans le fait que ce numéro comprend une nouvelle fois une majorité d’articles écrits par des auteurs masculins. Un retour sur les derniers numéros aboutit au même constat : Dépendances c’est souvent 2/3 d’auteurs et un 1/3 d’auteures, avec quelques exceptions qui font presque un peu rougir, par exemple – forcément – le numéro sur les soins infirmiers.
L’équipe qui s’occupe de la rédaction et de l’édition de la revue a récemment été renouvelée. Le duo masculin des deux dernières années est devenu un quatuor. Camille Robert a repris la place de Jean-Félix Savary pour le GREA, alors que Marina Delgrande Jordan et Valentine Schmidhauser complètent l’équipe d’Addiction Suisse. L’une des premières questions qu’elles m’ont posées a été : c’est quoi les règles exactement pour le langage épicène ? Bonne question. Dès le prochain numéro nous nous y mettons de manière plus systématique et nous allons regarder d’encore plus près cet équilibre entre hommes et femmes dans les contenus de cette revue. La collaboration, c’est aussi ça : permettre à toutes et tous de trouver sa place et valoriser nos différences.
Frank Zobel