avril 2001
Dans la loi fédérale sur les jeux de hasard et les maisons de jeu, le Conseil fédéral impose des mesures d’encadrement pour lutter contre la criminalité économique et les conséquences socialement dommageables du jeu. En quelque sorte il met sur pied un « service aprèsvente »… A notre connaissance, c’est la première fois qu’un gouvernement accepte la mise sur le marché d’un produit que l’on sait susceptible de créer des dépendances et que, parallèlement, on demande aux professionnels du champ des dépendances de créer les moyens de prévenir les problèmes et, le cas échéant, de les soigner. Dans ce numéro, il ne sera pas question de l’opportunité de l’ouverture ou non de casinos en Suisse: les débats ont eu lieu lors de la discussion de la loi au parlement. Nous avons donc choisi d’observer cette question en étudiant plusieurs aspects: le nombre de personnes susceptibles de rencontrer des problèmes de dépendances, de quoi sont fait ces problèmes – médicaux et sociaux -, les risques encourus, la manière de les prévenir et de les soigner. Quelques aspects ne nous semblent pas aller de soi:
• sur quels critères définira-t-on la dépendance au jeu: socioéconomique – sera dépendant celui qui n’a pas les moyens économiques de jouer? Compulsion – mais s’il n’y a pas de demande d’aide et pas de problèmes sociaux où est donc le problème?
• qui va définir ces critères et comment le personnel des casinos va-t-il être formé pour « détecter » les problèmes? Va-t-on vers un contrôle social et une stigmatisation toujours plus importants? A travers cette question, nous retombons sur le type de société que nous voulons.
• quel sera le rôle des professionnels et des structures d’accompagnement; quels moyens aura-t-on réellement à disposition pour répondre aux futurs besoins?
• quels types de traitement aurons-nous à offrir? Aujourd’hui, la seule référence semble être l’approche proposée par le Dr Robert Ladouceur.
Une partie de ces réflexions est traitée dans les textes que vous pourrez lire ci-après. Quant aux autres, nous aurons l’occasion d’y revenir soit dans notre revue soit dans les diverses réflexions que mènent le GREAT et l’ISPA.
Gérald Progin (secrétaire général du GREAT)