Hyperconnectivité

Au cours des dix dernières années, les technologies liées aux médias électroniques ont connu un essor et une démocratisation sans précédent, à tel point que l’on parle aujourd’hui de sociétés hyperconnectées.

De quoi parle-t-on ?

L'essor des mondes numériques modifie notre comportement. Nous leur consacrons plus de temps et sommes quasi en permanence face à un écran, connectés à internet : smartphone, tablette, ordinateur, console, tv, etc. Vous en doutez ? Si vous prenez le train, regardez autour de vous.

La multiplication des écrans génère potentiellement des risques d’usage excessif. L’usage excessif des jeux vidéo, des réseaux sociaux, des chats, des jeux en ligne ou des sites pornographiques est aujourd’hui un motif de consultation. Encore peu documenté, ce rapport problématique aux médias électroniques s’expliquerait pour partie par des mécanismes similaires à ceux qui prévalent, par exemple, dans le jeu excessif et à ce que l’on appelle, plus généralement, les addictions sans substance.

Le terme de cyberaddiction est sujet à controverse. Il n’existe pas de consensus scientifique quant à la notion de cyberaddiction ; les études cliniques sont à ce sujet insuffisantes. Les classifications internationales (DSM ou CIM) n’ont, pour l’heure, pas retenu de diagnostic relatif à l’addiction à internet. Son emploi comporte un risque de stigmatisation à l’encontre des jeunes et des cultures numériques émergentes. Il convient dès lors, si on veut l'utiliser, de le faire avec prudence, notamment à l’égard de la jeunesse avec laquelle on préférera parler "d’usage excessif” (voir «Position du GREA sur l’hyperconnectivité»).

Ce que l’on sait

Les cas d’usage excessif et problématique existent. Ils représentent une part minime des consultations en addictologie mais les symptômes décrits sont similaires à ceux d’autres addictions : compulsivité, irritabilité, perte d’autonomie. Pour l’essentiel, en Suisse romande, les demandes d’aide proviennent de jeunes hommes dépassés par leur consommation de jeux vidéo ou de jeux en ligne, notamment les jeux de rôle massivement multijoueurs de type World of Warcraft.

Pour la Suisse, des études chiffrent à plusieurs dizaines de milliers le nombre d’usagers d’internet qui présentent des signes d’addictions (voir faits et chiffres).

Il est toutefois difficile de définir précisément et quantitativement à partir de quand l’usage d’internet et des médias électroniques est problématique. La plupart d’entre nous y consacre des heures chaque jour, sans que cela ne pose problème ou génère des mécanismes addictifs.

Comment sensibiliser les jeunes ?

Dans le domaine des médias électroniques, les jeunes possèdent une expertise. Ils maîtrisent les outils et possèdent un savoir-faire technique parfois supérieur à celui de leurs parents. Il est donc impératif de les amener à réfléchir par eux-mêmes aux risques d’un usage potentiellement excessif et non de stigmatiser leur consommation numérique au motif d’une incompréhension générationelle. Les médias numériques ne sont pas forcément synonymes de repli sur soi. Ils sont aussi générateurs d’opportunités, d’ouverture à l’autre et de souplesse d’esprit.

Le projet In medias

Ce projet éducatif consiste à développer des ateliers de dialogue philosophique entre les jeunes autour de la thématique des médias électroniques. Le dialogue philosophique vise à renforcer les compétences sociales et réflexives des jeunes. Il contribue au développement de leur pensée critique. Il les encourage à s’interroger, à se situer par rapport à leur usage des jeux et des écrans. Il leur apprend également à mieux se connaître et à se positionner. En savoir plus ...

Faits et chiffres

En Suisse,

  • 3,7 millions de Suisses possèdent un Smartphone, soit 48% de la population (Comparis 2012).
  • 2,8 millions de Suisses possèdent un compte Facebook, soit 37% de la population (Virtua 2012).
  • En Suisse, 2,3 % des jeunes et jeunes adultes présente une utilisation problématique d'internet (Annaheim et al. 2012).
  • Un adolescent suisse sur 20 manifesterait des symptômes de dépendance au téléphone portable. Cela représenterait 37'000 jeunes en Suisse (Waller, 2012).

Chez les jeunes de 12 à 19 ans en Suisse, l'étude JAMES de 2017 dit que

  • 98% ont un portable, dont 97% un smartphone et la plupart l'utilisent pour surfer (87% en 2014).
  • Hors médias, ils sont 79% à rencontrer des amis; 60% aiment ne rien faire.
  • 98% des 18 et 19 ans ont un profil Facebook; les 12 à 15 ans sont 83% à disposer d'un compte Instagram;

Les recettes mondiales provenant des services de télécommunication ont atteint 1,5 billions USD en 2010, soit 2,4% du produit intérieur brut (PIB) mondial (Source UIT : Union internationale de télécommunication).

Pour aller plus loin ...

L’utilisation problématique des écrans et la cyberaddiction sont peu documentées en Suisse. Le GREA et le Fachverband Sucht ont compilé une liste de littérature dès 2015, tenue régulièrement à jour. Elle est disponible ci-dessus en PDF. Elle comprend des études sur ces thèmes mais aussi sur les gaming ainsi que des enquêtes, des idées de livres et sites internet complémentaires.

 

Vidéos

https://www.youtube.com/watch?v=-q0SOb4xPcQ

https://www.youtube.com/watch?v=LPwR1i-sWpo