mai 2005
Geneviève Ziegler, djointe aux questions toxicomnie, commune de Lausanne
La commune de Lausanne, centre d’une agglomération, subit d’une part les problèmes découlant du trafic des produits stupéfiants et d’autre part ceux qui résultent de l’attrait des personnes dépendantes pour le milieu urbain et l’anonymat qu’il représente. La commune doit gérer à la fois l’ordre et les questions de santé publique, comme d’ailleurs toutes les villes d’une certaine importance.
Pour simplifier, considérons ici que la commune agit essentiellement sur les deux piliers de la politique fédérale que sont la répression et la réduction des risques, la thérapie et la prévention étant très largement du ressort des autres collectivités publiques.
Ces dix dernières années, un dispositif s’est mis en place combinant diverses mesures à la manière d’un puzzle ; on estime à environ 7 millions de francs par année le coût de ce dispositif, sans les mesures répressives qui sont impossibles à chiffrer précisément.
Ce dispositif à seuil bas (DSB) répond aux besoins élémentaires des personnes très marginalisées (dont les toxicomanes font partie) en matière d’hébergement d’urgence et de nourriture, et offre une aide minimum aux personnes dépendantes les plus visibles et donc dérangeantes dans l’espace public (offre en matériel stérile, en accueil et en projets d’occupation). La Ville a reconnu (en les subventionnant) une série d’associations qui ont mis en place des offres diversifiées, destinées aux personnes les plus démunies, et elle a mis l’accent sur la collaboration entre elles, finançant également le temps de travail nécessaire pour un travail de réseau. La concertation entre les instances sociales et la police s’est beaucoup renforcée pendant ce laps de temps.
Aujourd’hui, plusieurs éléments nous obligent à mettre en place une réflexion d’ensemble dans ce domaine et à clarifier la politique communale: établir des critères précis, réexaminer le dispositif pour le rendre plus efficace, le tout dans un contexte économique sensible. En clair, il n’est pas question de dépenser moins, il est question de mieux répondre aux besoins de cette population avec les moyens actuels. Ce processus risque de provoquer des choix difficiles mais c’est une opportunité pour donner des lignes directrices et pour affirmer un certain nombre de principes.
Une question à laquelle nous devons répondre est celle de la définition des mesures (prestations) prioritaires selon le type de population évoquée. Les personnes qui consomment des drogues doivent bénéficier de mesures de réduction des risques, au sens classique du terme, à savoir de l’accès à du matériel stérile, à un éventuel local d’injection et à un accueil particulier leur permettant d’entrer dans le réseau d’aide et de soins. Les personnes marginales au sens large (dont les toxicomanes font partie) ont comme besoins élémentaires un hébergement d’urgence et la nécessité de se nourrir. Cette marginalité est constituée à la fois par des personnes psychiquement mal en point, par des pauvres et par des migrants en situation irrégulière.
Cette réflexion fera l’objet d’un préavis à la fin de cette année et le Conseil communal prendra les décisions qui lui reviennent.
Enfin, deux éléments peuvent être mis en évidence dans cette réflexion:
La réduction des risques sera maintenue et renforcée dans les décisions concernant la population toxicomane et cela doit être souligné dans un canton qui n’a pas encore reconnu pleinement cette approche.
Sur le plan financier, la règle est de faire mieux avec les moyens actuels, par le biais de choix politiques et non de faire des économies linéaires comme c’est le cas dans d’autres contextes.