Rétrospective de 10 ans de drug checking à Zurich

Une analyse rétrospective des données du drug cheking de Zurich a été réalisée afin de déterminer la nature et la quantité des substances remises entre 2011 et 2021. Elle montre que le nombre des échantillons soumis a plus que doublé et que leur nature laisse entrevoir de la qualité moindre pouvant mettre en danger les consommateurs. Elle plaide en faveur d'une extension de cette prestation.


Le drug checking de Zurich a ouvert en 2006, la plus grande ville de Suisse faisant état d'une consommation importante de substances telles que la cocaïne, l'amphétamine, la MDMA et la méthamphétamine. Elle vise à évaluer l'évolution du volume des tests ainsi que le type de substances testées, leur qualité et leur quantité entre 2011 et 2021. Le top 3 des substances analysées sont la cocaïne (43,8 %), la MDMA (17,4 %) et l'amphétamine (17,1 %). Fait intéressant pour la réduction des risques : le volume total a été multiplié par 2,5 (voir infographie).

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De fortes variations ont été observées entre les différents groupes de substances. Les plus grands résultats inattendus concernent l'héroïne (99,3 %), annoncée comme telle alors qu'elle serait altérée. Il est intéressant de noter que l'adultération* est à l'origine de la plus grande proportion de résultats d'analyse inattendus.

*cela veut dire que des ingrédients pharmacologiquement actifs ont été ajoutés pour améliorer ou imiter les effets de la substance attendue, et que des substances provenant de l'environnement direct (exemple: techniques de fabrication, balances mal nettoyées) ont contaminé l'échantillon.

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Il ressort de l'étude que les échantillons fournis sont de faible quantité et de mauvaise qualité. Cela expose les consommateurs à des dommages. Ces échantillons constituent des menaces potentielles pour la santé individuelle et publique. En outre, il a été démontré que le marché non réglementé des substances psychoactives est très dynamique, ce qui souligne la nécessité de continuer à surveiller ces marchés. Cette analyse sous-tend que les drugs checkings peuvent "stabiliser" les marchés de drogues non réglementés en fournissant des substances de meilleure qualité dans une certaine mesure. 

Les drugs checkings sont des outils de surveillance importants pour les responsables de la santé publique. La nécessité de modifier les politiques en matière de drogues afin de rendre ce service accessible dans d'autres contextes et à un plus grand nombre d'utilisateurs est soulignée dans l'étude.