Dans une perspective de sociologie juridique, l’étude parvient à une conclusion sans équivoque : la protection juridique dans l’aide sociale présente des lacunes, dont certaines peuvent être qualifiées de graves. Les auteurs soulignent que "le fait de savoir qu’une telle protection est garantie en cas d’atteinte à ses droits contribue grandement à l’intégration d’un individu dans la société et à sa participation à la vie sociale".
Par ailleurs, le groupe de pilotage de la Plateforme nationale contre la pauvreté elle lance un appel au débat. Elle "estime important que cette étude suscite une réflexion approfondie. La plateforme soumettra donc ses résultats et recommandations à la discussion lors de rencontres avec des spécialistes et des personnes concernées. Dans le même temps, le groupe de pilotage appelle les acteurs compétents des cantons et des communes à se saisir des conclusions de l’étude et à déterminer quelles sont les mesures nécessaires au niveau local".
L'étude formule les recommandations suivantes :
Au niveau juridique :
- L’accès à un conseil juridique indépendant est un droit fondamental qui est déjà appliqué dans d’autres domaines (par ex. loi sur l’aide aux victimes). Sa concrétisation devrait passer par l’inscription dans la loi d’un droit à un conseil et à l’information ainsi que par le financement de services de conseil indépendants.
- En vertu de l’État de droit et du principe de transparence, l’accès aux informations juridiques doit être amélioré.
- L’assistance judiciaire gratuite, y compris l’assistance d’un conseil juridique, doit être étendue et devrait être accordée plus fréquemment dès la première étape de la procédure (procédure administrative).
- D’autres adaptations du droit procédural pourraient consister à mener des négociations orales dans les procédures de l’aide sociale, à ne pas fixer de délais inférieurs à 30 jours et à supprimer les frais de procédure.
Au niveau des autorités :
- Les bénéficiaires de l’aide sociale doivent être informés de manière proactive, complète et adaptée de leurs droits et devoirs, de la situation juridique et de leurs possibilités de recours.
- Les informations des autorités de l’aide sociale devraient être continuellement examinées pour s’assurer qu’elles sont claires, compréhensibles et expurgées des aspects inutilement complexes
- Ces informations devraient être actuelles, disponibles en plusieurs langues, faciles d’accès et couvrir l’ensemble de la région concernée.
- Les autorités de l’aide sociale doivent aider les personnes concernées à clarifier et à faire appliquer leurs droits à l’égard des assurances sociales.
- En consacrant plus de temps au travail social, les services sociaux pourraient non seulement améliorer la réintégration, mais aussi éviter des conflits. Une professionnalisation plus poussée et, si nécessaire, une régionalisation des services seraient à ce titre bénéfiques.
Au niveau des services de conseil :
- Un renforcement ciblé des ressources et des compétences professionnelles des services de conseil est nécessaire et doit être financé par les pouvoirs publics.
- Les difficultés d’accès à un conseil indépendant doivent être réduites afin de donner aux groupes les plus vulnérables la possibilité de bénéficier d’un conseil juridique.
- Les services à bas seuil proposant un conseil juridique général doivent bénéficier d’un soutien optimal dans leur travail de tri.
- La mise en réseau et l’expertise des services de conseil juridique doivent être renforcées.
- Enfin, la mise en place de services publics de médiation en dehors des grandes villes est souhaitable.