À l’ONU, la fin de la guerre à la drogue?

C'est la fin de la rhétorique d'un monde sans drogue. L'ONU a adopté en assemblée générale une résolution qui brise le consensus guerrier et propose une approche beaucoup plus nuancée.


Cela fait déjà quelques mois que la dernière Assemblée générale de l'ONU a eu lieu. Dans ce cadre pourtant, avec peu de reprises dans les médias, les États membres se sont prononcés de manière claire pour une approche beaucoup plus appropriée, qui permettra l'orientation de futures politiques drogues dans un sens beaucoup plus constructif. La guerre à la drogue est un échec incontestable, comme le soulignait l'International Drug Policy Consortium (IDPC), dont le GREA est membre, à la fin 2022. Cette inefficacité est encore rappelée par la situation des ports du nord de l'Europe.

Il semble pourtant que le message porte ses fruits dans les arènes internationales. Ann Fordham le souligne dans son dernier billet : le fantasme dystopique d'un "monde sans drogue" ne fait plus consensus. Un slogan marketing inefficace, mais surtout des conséquences désastreuses en termes de politiques sécuritaires, sociales et de santé publique. Au final, les personnes concernées sont les premières à payer, parfois de leur vie, cette réthorique fantasque. La dernière résolution de l'Assemblée générale de l'ONU ne fait plus mention de la guerre à la drogue. Le message prend désormais en compte l'aspect des droits humains de manière beaucoup plus affirmative. Le nouveau texte, même passé à la moulinette politique, comprend des prises de positions inédites : la mention du racisme systémique dans l'approche répressive, le soutien aux paysannes et paysans qui dépendent de ces cultures et la mention des droits des peuples indigènes. Cela n'a pas été le résultat d'un consensus, avec la demande de la Russie d'un vote pour de ne pas retirer le langage belliqueux : la Fédération a été démentie sèchement par un vote de 145 pour, dont la Suisse, 45 abstentions et 9 oppositions seulement. C'est la fin du fameux "consensus de Vienne" qui excluait les débats et la possibilité d'un problème.

Certes, les progrès sur le terrain ne sont pas encore évidents, mais il s'agit certainement d'un pas dans la bonne direction que salue le GREA. Nous espérons avec l'IDPC que ces changements vont se traduire par une nouvelle politique de coopération, basée sur les faits et le respect de la personne plutôt qu'une triste quête illusoire à la Don Quichotte.