Inclusion et handicap : un contre-projet décevant qui questionne quant à son impact pour les personnes concernées par les addictions

Le Conseil fédéral a récemment mis en consultation un contre-projet indirect à l’initiative populaire pour l’inclusion qui vise à renforcer les droits des personnes en situation de handicap. Cette dynamique ouvre une fenêtre politique et sociale pour repenser l’accompagnement de publics aujourd’hui encore marginalisés, notamment les personnes concernées par les addictions.

Agile est consternée

Selon l’association Agile, faîtière suisse des organisations d’entraide et d’autoreprésentation de personnes avec handicap, ce contre-projet – qui prend la forme d’une loi sur l’inclusion et d’une révision de la Loi fédérale sur l’assurance invalidité (LAI) – ne répond pas de manière suffisante aux revendications centrales de l’initiative : il rate l’objectif d’une réelle inclusion et ignore le droit à l’autodétermination des citoyens et des citoyennes en situation de handicap. En particulier, le droit des personnes concernées à choisir leur lieu et leur forme de vie, ainsi qu’à bénéficier d’un logement autonome, n’est pas garanti dans le contre-projet. De même, le volet consacré à l’AI ne prévoit pas le droit à des prestations d’assistances permettant une vie autodéterminée.

L’addiction, une forme de handicap

Or, de nombreuses personnes vivant avec des troubles addictifs sévères, qui relèvent fréquemment d’une forme de handicap psychique ou social, se retrouvent dans des situations d’exclusion, de stigmatisation, d’atteinte à l’autonomie et de difficultés d’accès aux soins ou à un accompagnement digne. Ces personnes, souvent invisibilisées, devraient avoir accès aux dispositifs d’assistance, de logement et d’accompagnement prévus dans le cadre d’une véritable politique inclusive.

Housing first

En Suisse romande, plusieurs projets de type Housing First sont développés dans le champ des addictions, notamment pour des personnes en grande précarité avec des consommations problématiques. Cette approche propose un accès direct et inconditionnel au logement, sans exiger l’abstinence, et offre un accompagnement souple centré sur les besoins et les choix des personnes. Elle incarne concrètement le principe d’autodétermination et le droit au logement, en phase avec les objectifs portés par l’initiative pour l’inclusion, qui vise une société plus respectueuse et inclusive des parcours de vie les plus fragilisés.

Le GREA rappelle que les personnes concernées par les addictions sont également détentrices de droits. Il est en cela nécessaire d’élargir la vision du handicap et de l’inclusion à toutes les formes de vulnérabilités – visibles ou non. Il rejoint Agile en promouvant les droits à l’égalité, à l’autodétermination et à la participation pour les personnes souffrant de handicap, quel qu’il soit. Il est temps d’encourager des politiques transversales, équitables et respectueuses de la dignité de chacun·e.