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Dépendances 72 - En parler (autrement): Faire la fête, consommer des substances et réduire les risques

avril 2022

Faire la fête, consommer des substances et réduire les risques

David Perrin (Nuit-Blanche)

La consommation de substances psychoactives est souvent intimement liée à des moments et à des lieux festifs. David Perrin a d’abord lui-même exploré l’univers festif et la consommation des substances qui lui est associée avant de s’engager pour réduire les risques de celles et ceux qui aujourd’hui suivent ses pas.

Je me souviens encore des sentiments vécus lors de ma première sortie nocturne à l’aube de mon adolescence. Dans une fête avec des amis, bières et alcools forts circulaient à flots. J’ai bu mes premières bières alors que j’avais seulement treize ans. Plusieurs sentiments enivrants se côtoyaient et se mêlaient dans mon psychisme pubère : l’insouciance, la curiosité, la découverte, l’ouverture et une profonde envie d’exploration. J’avais envie de parcourir une longue nuit parsemée de possibles et me sentais libre de braver quelques interdits.

Depuis lors, j’en ai bravé d’autres et découvert, expérimenté, consommé, parfois en excès, différentes substances classées comme dépresseurs, stimulants ou perturbateurs du système nerveux central. Certaines ont été testées alors que j’étais mineur, et d’autres à un âge plus mature. J’ai pu découvrir les différents plaisirs liés aux substances et à la fête, et parcourir de longues nuits blanches. Là où se termine la journée des uns, commence parfois celle des autres. Attiré par la nuit et inspiré par son atmosphère et ses rencontres, je me suis rendu entre 13 et 47 ans dans une multitude d’espaces festifs : fêtes privées, salles de concert, festivals, raves parties (légales et illégales), clubs, lieux en pleine nature investis pour l’occasion… autant d’espaces et d’univers où se rejoignait une population en quête de plaisirs, de sensations et de liberté. Le besoin de découvertes musicales, de se retrouver entre ami·e·s, de partager des instants chaleureux et intenses, de se laisser aller aux rencontres, à la danse, aux multiples plaisirs de la fête qui mènent à l’explosion des sens.

Durant deux décennies, j’ai découvert Ibiza, Paris, Londres, Berlin, Barcelone, Montpellier… et certains festivals ou clubs mythiques (Boréalis, Mayday, Time Warp, le Rex, Egg Club, le Trésor, le Space) pour n’en citer que quelques-uns et je me suis immergé dans des ambiances et des réalités aux multiples couleurs et sonorités. La nuit permet la rencontre, celle qui nous surprend, celle qui nous choque, celle qui nous fait rire, sourire, celle qui permet de se sentir unique, libre et vivant. J’ai souhaité traverser le miroir du jour et me mêler à ce monde nocturne pour en découvrir les saveurs et les joies comme les abysses et les abimes.

Plaisir et contexte

Que l’on soit à la recherche d’un nouveau plaisir ou que l’on veuille découvrir de nouveaux sens, perceptions, capacités cérébrales, les substances permettent d’explorer notre monde intérieur en regardant au-delà de notre prisme mental. En ce sens, beaucoup de consommateurs·trices cherchent à atteindre d’autres états de conscience ou des mondes parallèles.

Il y a une trentaine d’années, la consommation de drogues était affiliée à certaines scènes ou à certains milieux, comme la communauté gay ou la scène electro, qui ont été montrées du doigt. Or, depuis plusieurs années, on trouve et on consomme des substances dans beaucoup d’autres milieux, comme les fêtes estudiantines, des scènes de hip-hop, de rap, de métal… ainsi que dans beaucoup de fêtes privées. Il n’est plus rare de trouver de la cocaïne, de la MDMA, du LSD ou de la kétamine dans de plus larges milieux. La consommation de drogues s’est fortement normalisée et on en parle plus librement. Est-ce le signe d’une société qui ose briser des tabous, dans sa recherche de plaisir ? Est-ce par goût de la transgression ?

Intervenant en réduction des risques

Après des années d’expérience de vie festive et différentes expériences avec les substances, j’ai souhaité m’impliquer autrement dans l’espace festif et m’engager dans le domaine associatif à travers une action de « réduction des risques ». Ayant mis un terme à ma consommation de substances, je souhaitais apporter et transmettre mes connaissances ainsi que l’apprentissage de mes bonnes et mauvaises expériences. J’ai donc progressivement expérimenté et développé une posture d’« ex-pair ». Durant sept années d’interventions dans les différents espaces festifs genevois (clubs, festivals, raves parties) et près de trois ans dans un dispositif de « Drug Checking », j’ai rencontré et dialogué avec de nombreux·ses consommateurs·trices de substances en recherche de plaisirs et de sensations. Dans mes interventions, je m’adapte aussi bien aux personnes novices, qui testent une substance pour la première fois, qu’aux consommateurs·trices plus habitué·e·s et aguerri·e·s, ou encore qui ont une consommation plus problématique.

La posture de réduction des risques s’appuie sur une approche objective et pragmatique permettant d’accompagner la personne dans sa consommation. Dans une posture de non-jugement, les questions de l’intervenant permettent d’aborder sans tabous différents aspects de la consommation afin d’explorer les connaissances au sujet de la qualité, des dosages, des effets et des risques liés au mode de consommation. Les notions de plaisir et de motivation sont également abordées tout comme les associations et mélanges de substances.

Quels risques ?

Les risques liés à la consommation sont nombreux et les conséquences peuvent être dommageables et même irréversibles, qu’elles soient d’ordre physiologique, psychologique ou social. Que ce soit avec ou sans substances, les risques font partie de la vie et vouloir une société sans risques est illusoire. Quant aux substances, elles ont toutes des effets spécifiques sur notre système nerveux central et différents impacts. Les effets peuvent être bénéfiques en apaisant la personne, en facilitant la communication et l’ouverture d’esprit, mais peuvent aussi déclencher différents troubles, somatiques, psychiques, de l’attention et/ou de la mémoire.

Certaines personnes sont dans une recherche de plaisir épicurien, tandis que d’autres ont une recherche plus spirituelle, axée sur une ouverture de conscience et non dans le sens religieux du terme. Le rapport de confiance est important pour ouvrir le dialogue et permettre des retours objectifs menés avec bienveillance. L’éthique, l’anonymat et la confidentialité sont au cœur de notre posture. Les notions de bénéfices et de risques peuvent être discutées en proposant différents outils permettant de réduire les risques.

Approche et posture

J’interviens en répondant aux différentes demandes dans une vision globale de la personne. Les demandes varient d’une personne à l’autre que ce soit sur la nature des produits, sur leur propre consommation ou celle d’un·e proche. Intervenant auprès d’un large public de tous âges, je m’adapte à chaque personne et propose des réponses individualisées.

J’accueille la personne comme elle est, sobre ou sous l’effet de substance(s). L’écoute, la bienveillance et le dialogue constructif permettent d’informer, de transmettre des messages pertinents et ciblés afin de réduire les méfaits. Le cadre doit être contenant et sécurisant pour mieux faire passer certains messages, même si je n’ai jamais la certitude que ces messages sont reçus, acceptés, intégrés et appliqués, ce qui demande une posture humble.

Sachant que le milieu festif représente également un exutoire pour une partie de la population, la question s’est posée de savoir comment ces espaces allaient évoluer avec la crise sanitaire qui a débuté en mars 2020 ? Sachant que les clubs, festivals et autres événements ont eu de la peine à survivre et à s’organiser pendant cette période, comment les individus en quête de fêtes et de plaisirs nocturnes ont-ils changé leurs comportements ? Les espaces festifs se sont-ils davantage développés dans les sphères privées ? Le développement de la consultation en ligne que nous proposons depuis le début de la crise a constitué une tentative de rester en contact avec ce public cible.

En guise de conclusion

Nous avons encore un long chemin à parcourir pour tenter d’être objectifs sur nos représentations des personnes qui consomment. Stigmatisée, voire diabolisée, la consommation de psychotropes divise encore les avis et les politiques. Pourtant, les substances psychoactives circulent au sein des communautés depuis la nuit des temps. « Les premières références à l’utilisation d’opiacés dans l’histoire, dans l’état actuel des connaissances, ont été décryptées à partir des tablettes sumériennes de Nippur. Ces plaquettes d’argile gravées en caractères cunéiformes font mention d’un emploi d’opium aux époques sumérienne et babylonienne » 1.

Les substances ont donc traversé les époques et les civilisations et leur nombre est en constante augmentation. Elles ont proliféré à travers le temps et le développement des laboratoires pharmaceutiques légaux ou clandestins.

Sur quelles bases et quels critères scientifiques les substances deviennent-elles légales ou illégales ? Par exemple, le Fentanyl ou la kétamine sont légaux dans un cadre médical, mais illégaux sur le marché noir, tandis que le cannabis ou le LSD sont illégaux, mais intéressants par leur potentiel thérapeutique. Cette complexité ne cesse de s’étendre. Depuis 2008, près de 450 nouvelles molécules de synthèse ont été créées dans des laboratoires. Le marché des drogues est souvent tellement attractif que certains n’hésitent pas à proposer de nouveaux produits (cathinones, tryptamines…) sans trop se soucier des effets sur les consommateurs·trices à court, moyen et long terme. De plus, comment enrayer ce phénomène, sachant que l’interdiction d’une substance peut en faire émerger une dizaine d’autres similaires ? Ces détournements sont sans fin, « […] car de plus en plus, les molécules synthétisées peuvent être imaginées directement à partir d’un savoir d’évolution extrêmement rapide dans le domaine de la chimie moléculaire et dans celui de la biochimie du système nerveux central » 2.

Le marché des drogues n’échappe pas au dictat du marché mercantile ou aux réglementations différentes d’un pays à l’autre permettant bien souvent aux producteurs de molécules d’échapper aux contrôles répressifs, ce qui est paradoxalement moins le cas des consommateurs-trices.

72_7_Faire-la-fete-consommet-des-substances-et-reduire-les-risuqes_Perrin_Dependances_2022.pdf
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  1. Dugarin Jean et Nominé Patrice. Toxicomanie : historique et classifications. In: Histoire, économie et société, 1988, 7(4) : 550.[↑]
  2. Dugarin Jean et Nominé Patrice. Ibid : 549[↑]

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