décembre 2024
Au cours du siècle dernier, l’espérance de vie a connu une augmentation jamais rencontrée dans l’histoire de l’humanité.
Selon l’OMS, « tous les pays du monde connaissent une croissance à la fois du nombre et de la proportion de personnes âgées dans la population. D’ici à 2030, une personne sur six dans le monde aura 60 ans ou plus. Dans le même temps, la population âgée de 60 ans et plus passera d’un milliard de personnes en 2020 à 1,4 milliard. »
Ainsi, si les consommations de psychotropes font partie intégrante de la nature humaine, nos sociétés doivent aujourd’hui à intégrer cette dimension du vieillissement en lien avec des conduites addictives.
De toute évidence, c’est un fait qui commence à être documenté : les seniors ont recours à des psychotropes. C’est une réalité qui peut être cachée, déniée, interdite, acceptée, aidée. Et ce, finalement, à l’image des différents points de vue qui colorent déjà l’appréhension des consommations chez les plus jeunes. Des usagers anciens entrent dans un âge avancé. La réduction des risques, les offres de soins et d’accompagnement, entre autres, y sont pour beaucoup. Par ailleurs, des personnes vieillissantes peuvent être enclines à se tourner vers des consommations. Pour les premiers, ils portent parfois les séquelles de mésusages tout en présentant des problèmes de santé inhérents à leur âge. Et cela, plus tôt que dans la moyenne, selon certains constats. Pour le second cas, l’usage peut venir exacerber ces comorbidités. Sous l’angle de troubles neurocognitifs, par exemple. C’est aussi parfois une façon de soulager les maux d’une vieillesse qui n’est pas toujours synonyme du maintien d’une certaine qualité de vie. Maladies et souffrances chroniques, isolement social, troubles psychiques, perte d’autonomie sont ainsi compensés et traités sur un fond de prescriptions médicales ou d’automédication. Il s’agit de rester performant et d’éprouver encore certains plaisirs.
Il y a ainsi des personnes âgées qui sont de jeunes consommateurs. Il y a de vieux consommateurs, qui sont devenus des personnes âgées. La singularité des situations individuelles et des parcours de vie notamment, engendre une grande diversité du sens que l’on peut donner à la consommation à un âge avancé.
Sur le plan des accompagnements, quels projets de vie pour les aînés ? Quelles approches, quelles accroches et quels dispositifs est-il possible de mettre en œuvre ?
Ce nouveau numéro de la revue Addiction(s) : recherches et pratiques questionne des expériences en la matière.
Ronald Clavie & Jézabel Legat