News

Se souvenir que les usagers sont des êtres humains

06.10.2016

"The Conversation" se penche ce 6 octobre sur un phénomène apparu il y a quelques années surtout dans les pays anglosaxons: les lieux de mémoire aux usagers morts par overdose. Et explique : ces lieux aident à la reconnaissance et à la destigmatisation de ces personnes souvent marginalisées.

"The Conversation", média indépendant australien, consacre une large place à la cohabitation urbaine. Il met en exergue ces lieux de mémoire collectifs décorés de fleurs, d'objets ou d'images. Ils sont érigiés dans la rue pour commémorer que des personnes sans domicile fixe, des travailleurs du sexe ou des usagers de drogues y sont morts.

Comme l'écrit la journaliste Peta Malins, professeur à l'Université de Melbourne et spécialiste des stratégies de réduction des risques, les lieux de commémoration ont une fonction sociale et politique. Ils confèrent de la visibilité, du respect et de la valeur à des personnes qui en règle général n'en ont pas eu. Car les usagers de drogues sont encore stigmatisés, taxés de gens sales ou malades. Cette perception commence déjà à l'école. La consommation de drogues est présentée comme le résultat d'un manque de caractère plutôt que comme le résultat de forces sociopolitiques ou biopsychosociales plus larges.

Ces endroits du souvenir ne nous montrent pas comment réfléchir aux problèmes de la drogue, mais invitent à réfléchir à l'espace et à l'éthique des relations sociales. Ils poursuivent en cela le même objectif de destigmatisation et d'intégration que la manifestation annuelle "International Overdose Awareness Day" à laquelle ils se rattachent. Cette journée a été lancée en 2001 pour aider à prévenir les overdoses. En Australie, le nombre de victimes d'overdose tend à augmenter (1'137 en 2014 contre 997 en 2013). Plus de 40% des Australiens ont consommé des drogues illicites une fois dans leur vie.