Reclassification du cannabis en vue aux États-Unis

17.05.2024

Alors que l’usage récréatif et médical du cannabis est déjà légal dans 24 États américains, le gouvernement Biden a annoncé avoir lancé une procédure pour reclasser le cannabis comme substance moins dangereuse au niveau fédéral.


Dans un contexte plutôt favorable à la légalisation du cannabis, le gouvernement Biden vient d’annoncer avoir lancé une procédure en vue de changer le statut du produit au niveau fédéral : celui-ci passera de la catégorie 1 à la catégorie 3, soit de substance ayant un « potentiel addictif élevé » à drogue « présentant un risque de dépendance modéré à faible ».

Alors qu'il côtoyait l'héroïne, le LSD, ou encore le peyotl, dans la catégorie 1 des substances très addictives héritage tenace et désuet de la guerre contre la drogue de l'administration Nixon il se retrouve désormais aux côtés de la codéine et de la kétamine dans la catégorie 3. Si cette reclassification n'est pas vraiment une surprise, comme le souligne le journal Le Temps, cela permet en tous cas de s'interroger sur la pertinence des catégories et critères de classement de la Drug Enforcement Administration (DEA). Les professionnel·le·s des addictions aux États-Unis ont d’ailleurs fait rapidement remarquer que la reclassification ne va pas résoudre fondamentalement les problèmes, et qu’il conviendrait d’adopter une législation fédérale qui décriminaliserait le cannabis en le retirant totalement du classement de la DEA, ce qui constituait l'une des promesses de campagne de Joe Biden en 2020.

Dans tous les cas, la nouvelle a été saluée par les tenants de l'industrie du cannabis dans le pays et le milieu de l'investissement, en témoigne la progression à Wall Street des leaders du marché car le changement de catégorie impliquerait que les sociétés cultivant et commercialisant le cannabis puissent déduire fiscalement leurs dépenses de fonctionnement, ce qui n'est pas le cas actuellement. Le système commercial en vigueur outre-atlantique, très peu régulé, est d'ailleurs à éviter dans une optique de régulation en Suisse, comme le rappelait le GREA dans un communiqué

Même si la reclassification n'est pas synonyme de légalisation au niveau fédéral, elle devrait permettre de réduire le nombre d'interpellations pour des infractions mineures liées au cannabis, dans un pays où les minorités sont historiquement surreprésentées dans les arrestations en lien avec la drogue. Comme le dit Joe Biden, « personne ne devrait être en prison pour avoir simplement consommé ou possédé de la marijuana ». C'est tard, mais c'est un tournant important.