Mafias et banques : l’argent du trafic

21.02.2024

La série de documentaires "Mafia et banques" revient de manière détaillée sur la mise en place des systèmes de blanchiment d'argent sale. Cette histoire, où le secret bancaire suisse joue un rôle essentiel, est étroitement liée à l'avènement de la prohibition et sa face obscure, mais inévitable : la création d'un marché noir florissant. Ces trois épisodes vous proposent ainsi 100 ans d'histoire commune entre les mafias et les banques.


Depuis les années 20' et les débuts de la prohibition, les marchés noirs de substances psychoactives se sont construits comme une économie paralèle. Non, la demande n'a pas diminué avec la prohibition, oui, l'offre va saisir les opportunités économiques créées par la prohibition. Une fois que l'argent afflue, il faut pouvoir le dépenser : les groupes criminels ont redoublé d'ingéniosité afin de blanchir leurs revenus. Dans ce cadre, l'internationalisation des échanges monétaires et l'existance de dispositions juridiques adaptées, telles le secret bancaire helvétique ou encore les paradis fiscaux, ont permis aux mafias et à la criminalité en col blanc de s'enrichir effrontément. La série de reportages fait le lien avec les casinos, lieux de blanchiment historique (aux côtés des fameuses blanchisseries achetée par Al Capone). Les auteurs de l'excellente série "Histoire du trafic de drogue" reviennent en détail sur le rôle des banques et des mafias dans le développement du trafic international des drogues.

La Suisse, son secret bancaire et sa tradition d'opacité financière ont donc joué un rôle de pionnier dans le blanchiment d'argent, comme le soulignait il y a peu également le reportage "Les porteurs de valises au temps de la mafia". La loi bancaire suisse a explicitement rendu passible de prison la diffusion d'information bancaire de la part d'un employé·e de banque. Mais la série de reportages a l'avantage de revenir sur les autres aspects du blanchiment, tout autour du globe, par exemple l'usage des casinos.

Le GREA défend une régulation solide des marchés liés à des conduites addictives. Si la guerre à la drogue et la prohibition ont créé notamment des marchés noirs difficiles à contrôler et très lucratifs, seule une régulation efficace peut leur retirer la manne financière.