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La Norvège sur les traces du Portugal?

19.03.2021

La Norvège est en passe de suivre le chemin tracé par le Portugal en matière de drogues. Le gouvernement de centre droit a proposé de dépénaliser l'usage de nombreuses drogues, notamment l'héroïne, la cocaïne, la MDMA et le cannabis. Pour de petites quantités, les sanctions seront remplacées par un entretien avec un professionnel. La Suisse, elle, ne bouge toujours pas.

Intitulé « De la punition à l’aide », le projet de loi plaide en faveur d’un changement de paradigme : privilégier le dialogue à la sanction, en espérant que la personne en face finisse par saisir la main tendue. Amendes et condamnations seront remplacées par une convocation obligatoire chez un conseiller spécialiste des addictions, sans que cela donne lieu à une inscription au casier judiciaire. Il faudra que les quantités de drogue saisies n’excèdent pas une certaine limite. Le gouvernement propose de placer la barre à 2 grammes pour l’héroïne, la cocaïne et les amphétamines, à 1 dose pour le LSD, à un 0,5 gramme pour la MDMA (principe actif de l’ecstasy) ou à 20 grammes pour le cannabis. Les Norvégiens pourront être arrêtés en possession de trois substances différentes, mais sans risquer de sanction.

La proposition de réforme s’appuie sur un constat. Si la consommation de stupéfiants est stable, 267 personnes en moyenne meurent chaque année d’une overdose en Norvège, un pays de 5,4 millions d’habitants. Il s’agit de l’un des chiffres les plus élevés d’Europe, proportionnellement à la population. « C’est la preuve que tout ce que nous faisons ne fonctionne pas », avance Guri Melby, ministre libérale de la connaissance et de l’intégration, chef du parti libéral Venstre et architecte de la réforme.

La sanction n’a pas fait preuve de son efficacité, affirme-t-elle : « Dans les pays qui ont les peines les plus lourdes, la consommation des jeunes n’est pas plus basse. » « Etre arrêté et condamné empire souvent les problèmes plutôt que d’offrir une solution, observe-t-elle. On sait aussi qu’une telle législation est injuste socialement, car les jeunes issus de milieux défavorisés encourent plus de risques d’être ciblés par la police que les autres. »

© Le Monde - extraits de l'article en lien ci-dessous