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George Floyd relance le débat sur les discriminations raciales

17.06.2020

La mort de l'agent de sécurité de 46 ans à Minneapolis soulève la question ségrégationniste des politiques drogues et plus particulièrement de certaines interpellations guidées par des considérations raciales. A Lausanne, elle fait écho au décès du Nigérian Mike Ben Peter survenu lors d'un contrôle de police contre le deal de rue.

Aux USA, les noirs ont jusqu'à 10 fois plus de risques de se faire contrôler que les blancs. Héritée de leur passé esclavagiste, la politique de ségrégation américaine est aussi une origine de la guerre à la drogue. Dans les années 30, le Federal Bureau of Narcotics a commencé à traquer le cannabis parce qu'il était (faussement) associé à certaines minorités. Le biais racial a encore été renforcé par le président Nixon dans les années 70. Selon l'écrivaine américaine Michelle Alexander (The New Jim Crow), la war on drugs qu'il a déclarée est le vecteur principal d’une « nouvelle société de castes », un nouvel ordre du racisme ordinaire américain. Selon le New York Times, le mouvement Black Lives Matter a enregistré un pic d'opinions favorables ces deux dernières semaines (+ 23) tandis que la règlementation du cannabis est le thème de société qui a le plus gagné d'avis favorables cette dernière année (+43). Est-ce que ça va de pair ? Sur son blog, le professeur de droit Douglas A. Berman affirme que le lien est évident. La réforme de la politique drogues doit passer par une réforme du droit pénal et cette dernière devient urgente surtout lorsque des vies de noirs sont en danger injustement. Justin Strekal, directeur politique de National Organization for the Reform of Marijuana Laws, estime dans un article récent sur la question raciale (The Hill) que la prohibition et la criminalisation du cannabis est une réponse politique à motivation raciale concernant un problème individuel qui est au pire une question de santé.

En Suisse, la mort de George Floyd a pu être reliée, par exemple dans la RTS, à celle de Mike Ben Peter, un Nigérian de 40 ans décédé en mars 2018 et dont l'affaire n'est toujours pas jugée. Arrêté à Lausanne en marge d'un contrôle pour comportement suspect, Mike était en possession de cocaïne. Selon le rapport d’autopsie que l’avocat de la famille, Me Simon N'Tah, cité dans un article publié dans le Temps, il ne serait pas mort d'overdose comme l'avaient laissé entendre les six policiers présents à ce moment-là, mais par le stress de l'arrestation et des mesures de contraintes disproportionnées. L'affaire n'est cependant toujours pas jugée et les conditions de l'arrestation sont examinées dans le cadre de la procédure. En 2017, un rapport de la Commission fédérale contre le racisme mettait le doigt sur la discrimination dont souffrent les noirs en Suisse face à la justice et la police notamment. Sans être comparable à la situation délétère que connaissent les USA, la situation en Europe semble également devoir attirer notre attention à tous et gagnerait à être mieux documentée, comme le soulignait un article du Guardian.