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En Suisse, un tiers des revenus des jeux provient des joueurs excessifs

01 Octobre 2021  
01.10.2021

Une étude suisse récente démontre qu'un tiers des revenus des jeux d'argent provient des mises issues des joueuses et joueurs excessifs. Les 3% de personnes avec un comportement de jeu problématique ou pathologique seraient ainsi à l'origine de 31,3% des dépenses totales dans les jeux d'argent. 

Cette étude, réalisée par le centre du jeu excessif du CHUV, l'Institut de santé globale de l'Unige et l'Observatoire des jeux (France) utilise les données issues dans l'Enquête suisse sur la santé 2017. Elle est publiée dans le Journal of Gambling Issues. Au total, plus de 12'000 réponses sont inclues. Les résultats montrent que si 52% de personnes qui expérimentent des difficultés en lien avec le jeu ne dépensent pas plus de 100 francs par mois, elles représentent 31,3% des dépenses totales dans le jeu.

Bien que cette étude représente un premier pas important, elle est limitée par le fait qu'il s'agisse de données auto-rapportées. Les auteurs rappellent que pour la recherche, il faudrait que la Suisse puisse enfin disposer des données des opérateurs de jeu. Avec de telles méthodes, nos voisins obiennent des chiffres plus élevés, pouvant aller jusqu'à la moitié des revenus des jeux.

Cette étude vient confirmer les premiers résultats obtenus dans la recherche eGames, qui démontraient déjà la part prépondérante des joueuses et joueurs excessifs dans les revenus de l'industrie du jeu. Cette situation reflète une constante dans les marchés de produits addictifs, que nous retrouvons aussi sur l'alcool. Les consommateurs problématiques, de par leur consommation bien supérieure à la moyenne, constituent une grosse partie du marché (près de la moitié pour l'alcool). Pour cette raison, il est légitime de penser à des modes de régulation différents de ces produits pour mieux protéger les personnes en situation de vulnérabilité. En ce qui concerne les jeux d'argent, il n'est pas souhaitable de financer les prestations de l'Etat avec des revenus qui proviennent de personnes malades, ou en passe de le devenir. La régulation du secteur doit procéder avant tout d'un objectif de santé puublique, et non d'un objectif fiscal.