Dépendances

N° 17 Codépendance: de la problématique interindividuelle à la responsabilité socio-politique

Edito par Gérald Progin

La codépendance. Phénomène que nous traitons, en général, en termes interindividuels : une personne est malade et son entourage cache le problème ou, pire, lui procure directement ou indirectement le ou les produits, assume les éventuelles dettes ou pare aux handicaps dus à l’addiction. Depuis plusieurs années, nombre de thérapeutes se préoccupent de cette question. Groupes d’entraide, de proches, thérapies de famille sont proposés pour travailler sur les codépendances. Dans ce numéro, vous pourrez prendre connaissance de diverses expériences et points de vue différents sur cette question.

Mais nous n’avons pas voulu en rester au rapport entre la personne dépendante et son entourage. Nous avons aussi cherché à savoir si les normes sociales et le type de vie que nous propose la société actuellement ont une influence sur la consommation de stupéfiants et, partant, ne deviendraient pas, en quelque sorte, codépendantes ou tout au moins acceptantes d’un certain nombre de comportements menant vers l’addiction. Plusieurs auteurs ont accepté de relever ce défi. La population suisse – particulièrement en ville –, et notamment par les démarches de réduction des risques, accepte un peu mieux que les phénomènes de dépendances soient devenus plus visibles et fassent donc partie du paysage social. Les exigences de performance, la concurrence et la consommation effrénée ont accentué la prise de produits permettant de rester jeune, dans le coup et compétitif : M. Véléa, psychiatre, émet donc l’hypothèse que certaines consommations de produits psychotropes seraient plus intégratives qu’excluantes. Du côté de l’école, le rapport des élèves au savoir et à l’institution passe actuellement, d’abord, par la satisfaction des besoins individuels. En découle, sans doute, un rapport différent aux psychotropes. Entre les messages de prévention et les besoins de l’économie, il y a un fossé qui s’agrandit. La question reste de savoir comment «Monsieur-tout-le-monde» intègre ces contradictions.

Toutes ces réflexions fort intéressantes ne répondent évidemment pas à la question posée mais démontrent en tout cas, si cela était nécessaire, que le rapport aux stupéfiants se modifie. A nous de voir comment nous devons nous adapter à ces nouvelles normes.

 

1. Abus d'alcool: conséquences pour les proches

Etienne Maffli, Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies, ISPA, Lausanne

01.09.2002

2. Une vision systémique du travail avec les proches de patients dépendants

Daniel Alhadeff, psyhologue F.S.P., formé en thérapie systémique, Unité d'Alcoologie de l'Hôpital Cantonal Universitaire de Genève

01.09.2002

3. La codépendance du point de vue du Minnesota model

Daniela Danis, psychologue répondante de l'Unité des maladies de la dépendance, Clinique La Métairie, Nyon

01.09.2002

4. Codépendance et médecine communautaire

Pascal Gache, médecin et Edith Mériaux, infirmière à l'unité d'alcoologie du département de Médecine communautaire des Hôpitaux universitaires de Genève

01.09.2002

5. Une société de médiation chimique

Dan Véléa, psychiatre, Centre Médical Marmottan, Paris

01.09.2002

6. Agir sur l'entourage de la toxicomanie: les services à bas seuil et les voisinages urbains

Daniel Kübler, Chercheur au Laboratoire de sociologie urbaine (EPFL) et à l'Institut für Politikwissenschaft (Uni-Zh), Professeur suppléant à la Faculté des Sciences sociales et politiques (Uni-L)

01.09.2002

7. Ecole et relation aux produits

Christian Mounir, enseignant, éducateur à la santé, Service de santé de la jeunesse, Genève

01.09.2002