Consommations de drogues dans les prisons françaises : publication des résultats de l’enquête 2023 par l’OFDT

16.05.2024

Dans le cadre de la politique de santé des personnes placées sous main de justice, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a réalisé une première enquête sur la santé et les substances en prison (ESSPRI) en 2023. Les résultats montrent des prévalences élevées de consommation de tabac et de cannabis auprès des détenus majeurs dans l’Hexagone, tout type d’établissement et toutes durées de peine confondus. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de la Suisse, en particulier concernant le tabagisme.


Dans le cadre de l’enquête ESSPRI 2023, 1094 hommes détenus ont été interrogés sur les usages de substances psychoactives en prison. Il s’agissait d’un échantillon représentatif de la population carcérale en France métropolitaine. L’enquête a pris en compte 7 produits, soit le tabac, l’alcool, le cannabis, la cocaïne, le crack, la MDMA et l’héroïne.

Au-delà du fait que les personnes détenues consommaient en général des substances psychoactives avant leur incarcération, et parfois à des niveaux plus élevés comparativement à ceux observés dans la population en général, les résultats reflètent des niveaux de consommation relativement élevés, par exemple, près de 4 détenus sur 5 ont déjà consommé au moins une fois l’un des produits susmentionnés, le tabac ayant la part belle avec plus de 60% de tabagisme quotidien. Il est suivi du cannabis, la moitié des personnes interrogées ayant indiqué en avoir déjà consommé au cours de la détention, et un quart quotidiennement.

Même si la prévalence d’usage d’alcool est bien plus faible que celle de la population en général, il s’agit de la troisième substance la plus consommée après le tabac et le cannabis. Toutefois sa consommation reste occasionnelle, 16% des personnes ont signalé par exemple en avoir consommé au moins une fois en détention, et moins de 4% au cours du mois précédent l’enquête. Viennent ensuite les autres substances avec des prévalences d’usage plus faibles, étant donné leur diffusion limitée en détention. Néanmoins, 14% des détenus ont déclaré avoir consommé au moins une fois l'un des 4 produits au cours de leur détention.

Bien qu'il n'y ait pas d'enquêtes systématiques de ce type en Suisse, les résultats d'ESSPRI font écho à un certain nombre de constatations faites par les professionnel·le·s travaillant en prison ou en lien avec le milieu carcéral, notamment lors du récent symposium sur la collaboration interprofessionnelle justice et addiction organisé par le GREA conjointement avec le CHUV. C'est ce qui ressort également de plusieurs revues de littérature, par exemple celle intitulée « Fumée en milieu carcéral » qui propose des recommandations en la matière, tout en encourageant à mettre en place des stratégies de réduction des risques à travers la vapoteuse.