Augmentation des intoxications aux opioides en Suisse

28.06.2022

Les cas d'intoxications aux opioides et la prescription d'opioides ont augmenté en Suisse ces 20 dernières années, selon des chercheurs de l'EPFZ. Bien que cette situation ne soit pas aussi grave qu'aux Etats-Unis, ils estiment que le risque ne doit pas être sous-estimé.


Comme le stipule l'article sur le site de l'EPFZ, les données montrent clairement que le problème s'est renforcé en Suisse. Le nombre d'appels à Tox Info Suisse en raison de cas d'intoxications aux opioïdes a augmenté de 177% au cours des 20 dernières années. Il n’existait jusqu’à présent aucun chiffre pour la Suisse. C’est pourquoi des chercheurs de l’EPFZ ont tenté d’estimer la tendance en comparant les chiffres des appels d’urgence au centre d’information sur les intoxications Tox Info Suisse entre les années 2000 et 2019 et les chiffres de vente d’opioïdes.

Les chiffres des ventes ont également presque doublé (+92%), passant de 14 300 unités vendues pour 100 000 habitants à 27 400. Fait important, l'augmentation des opioïdes forts a été plus importante que celle des formes plus faibles, tant en termes d'appels à Tox Info Suisse que de chiffres de vente.

En valeur absolue, l'antalgique tramadol est apparu le plus fréquemment en 2019, tant dans Tox Info Suisse que dans les ventes (40%). Le tramadol est un opioïde faible prescrit pour les douleurs modérées à sévères.Le deuxième plus courant est l'oxycodone, un opioïde fort qui fait l'objet de plus d'un tiers des appels à Tox Info Suisse et représente près d'un quart des ventes. Les chiffres relatifs aux cas d'intoxication et aux ventes d'oxycodone ont nettement augmenté entre 2009 et 2016, les deux ayant plus que doublé.

Oxycodone et Fentanyl

Des études initiales menées aux Pays-Bas et au Danemark ont ​​attiré l'attention sur l'augmentation de l'utilisation de l'oxycodone, un opioïde fort. Cette substance, vendue à l'origine sous le nom d'OxyContin, a été le principal moteur de la crise des opioïdes aux États-Unis. Cependant, pratiquement aucun chiffre n'est disponible sur l'utilisation d'opioïdes en Suisse ces dernières années - en particulier en ce qui concerne les dommages potentiels.

L’étude ne dit presque rien sur la consommation illégale de fentanyl (un opioide dix fois plus fort que l'oxycodone) par exemple, car les cas d’intoxications graves ne sont pratiquement jamais signalés à Tox Info. Les personnes concernées s’adressent directement au service d’urgence. L’effet du fentanyl est 50 fois supérieur à celui de l’héroïne. Cet analgésique présente un fort potentiel de consommation illégale et de surdoses mortelles, selon les chercheurs de l’EPFZ.

«Les chiffres présentés dans l’étude ne sont que la partie émergée de l’iceberg», selon Andrea Burden. «Nous avons absolument besoin de plus de données pour comprendre les dommages associés à la consommation d’opioïdes en Suisse, notamment le nombre de personnes ayant développé une dépendance via les prescriptions médicales et le nombre de décès liés aux opioïdes». Une étude de suivi est prévue.

Considéré comme un stupéfiant, le fentanyl est soumis à des prescriptions de prescription plus strictes en Suisse. Cependant, Burden dit que "si les opioïdes forts comme l'oxcycodone sont soudainement restreints, les patients qui ont une dépendance à ces médicaments peuvent se tourner vers le marché illicite, et c'est un danger que nous devons éviter d'aller de l'avant".