avril 2022
Jean-Félix Savary (GREA)
Il y a 25 ans, Dépendances venait remplacer les cahiers du GREAT, publications des années 90. Depuis le temps, la revue a pris son envol et a trouvé son identité particulière. Elle donne la parole à différents points de vue, sans restriction autre que l’utilité du propos pour alimenter la réflexion. Sans jamais vouloir être autre chose que ce qu’elle est.
Dépendances ne prétend pas être une revue scientifique, à l’esprit rétréci par sa spécialisation et aux colonnes prises d’assaut par celles et ceux qui doivent publier. Elle ne cherche ni les honneurs, ni la gloire. Au contraire, Dépendances se veut une revue de débat. Elle n’a pas de parti pris et regarde sans complaisance les différents recoins du thème qui nous unit. Elle se met à disposition du riche terreau de la Suisse romande, pour tisser des liens, valoriser des expériences, stimuler les réflexions. Dépendances est notre maison dessinée pour l’échange et la compréhension mutuelle. Construite pour la floraison de notre intelligence collective.
Tout en gardant son indépendance, Dépendances sait s’ouvrir à la diversité de notre pays, qui fait aussi sa force. Elle aime régulièrement faire de la place aux réalités d’Outre-Sarine, tout comme aux réflexions de l’administration fédérale. Internet lui a donné une nouvelle fraicheur, en permettant de partager nos réflexions avec le reste du monde francophone. Cette intégration progressive a d’ailleurs donné naissance à sa petite sœur, la nouvelle revue francophone ARP, dont le cinquième numéro (déjà) parait ces jours. Notre coin de pays est si petit, et il a besoin de l’air du large, qui colore et nuance nos réalités convenues.
L’histoire de Dépendances, c’est aussi l’histoire d’un très beau partenariat, solide comme le roc, dans un éternel printemps. En unissant leurs forces, Addiction Suisse et le GREA ont su dépasser leurs intérêts propres pour créer cet espace unique et neutre, qui contribue à façonner la Romandie des addictions. Parce que nous sommes différents, et que nous ne regardons pas notre sujet par le même angle, il en ressort toujours quelque chose de plus grand, de plus, de plus complet. La force de son idée initiale n’a pas faibli et permet de fédérer les énergies de ses serviteurs qui, années après années, continuent à labourer cette terre fertile. Dans des conditions parfois improbables, financièrement souvent acrobatiques, un petit miracle éclot à chaque numéro. Nous le devons avant tout à tou·te·s ces auteur·trice·s qui ont su si généreusement livrer leurs réflexions et points de vue, en respectant le format contraignant de la revue. Dépendances, c’est avant tout cette belle communauté de personnes qui se seront jetées à l’eau pour participer à cet exercice collectif.
Pour ma part, après avoir servi de co-rédacteur le temps de 48 numéros, le temps est venu de passer le flambeau à d’autres. Ce magnifique outil d’intelligence collective va poursuivre son chemin, avec de nouvelles énergies, fier de sa ligne éditoriale particulière et en recherche de la complexité dans la simplicité. Toujours vers l’avant, grâce à la main sûre de mon camarade Frank, qui reste à bord pour continuer l’exploration de nouveaux rivages, aux côtés d’un·e co-redacteur·trice encore à nommer. Quel honneur d’avoir pu servir ce si beau projet ou toutes les paroles pèsent du même poids, ou chacun·e trouve la légitimité d’être entendu·e, au prix d’un petit effort rédactionnel. Quel plaisir d’avoir pu collaborer avec les comités de rédaction, les rédacteurs·trices et toutes les mains engagées qui font Dépendances. À mon tour d’aller rejoindre d’autres mercenaires de notre revue, comme Michel Graf, Gérald Progin ou Corinne Kibora. Avec eux, je me réjouis déjà de voir fleurir encore longtemps l’éternelle jeunesse de la démocratie du savoir en action.
Dépendances, merci !