Regroupant toutes les personnes consommant une substance, les usagers doivent être au cœur de tous les débats concernant les addictions. Leur expertise dans le domaine est essentielle.
Apparu il y a une vingtaine d’années, le terme « usager » regroupe toutes les personnes qui font usage, peu importe la dose, d’une substance légale ou illégale. Cette locution alternative vise à réduire les effets stigmatisant liés aux étiquettes, limitant la personne à un seul élément tels que « toxicomane », « junkie », « drogué », etc.
Aux yeux du GREA et des spécialistes des addictions, il est également acceptable de dire « personne toxicomane » ou « personne consommatrice ». Mais le plus simple reste sans doute de parler de « personne ».
Tout au long de l’histoire des addictions, les usagers ont été les principaux absents des débats les concernant. Cette exclusion est basée sur l’idée fausse, mais tenace et largement répandue, que leur consommation leur retire leur droit au libre arbitre. En réalité, quelles que soient les substances qu’ils absorbent, les usagers restent avant tout des citoyens.
À cause de cette posture morale encore très présente dans la société, tout le monde parle à la place des usagers . C’est pourquoi le GREA souligne cette incohérence et prône la participation constante des usagers aux débats les concernant. Eux-mêmes revendiquent d’ailleurs le principe de « Nothing more about us, without us »(Plus rien à propos de nous, sans nous).
Le savoir scientifique ne représente qu’une partie de la connaissance du domaine. Bien que capital, ces éléments ne peuvent remplacer l’expérience subjective d’un usager. De ce point de vue, il est nécessaire de donner une place centrale à l’expertise des premiers concernés dans les débats sur le sujet. Sans cela, il est impossible de véritablement comprendre le phénomène de consommation.
La réduction des risques est un très bon exemple d’approches prenant en compte les besoins et les solutions exprimés par les usagers. Au lieu d’imposer leurs idées depuis le haut, les spécialistes s’inscrivant dans cette démarche enrichissent leur propre expertise par l’écoute, la participation et la collaboration avec les personnes directement concernées. Cette perspective reconnaît que les usagers puissent s’adonner à des pratiques à priori nuisibles pour leur santé et leur laisse en assumer la responsabilité. Ainsi, chacun est libre d’exercer sa liberté, pour autant qu’elle n’entrave pas celle des autres. Le rôle des spécialistes est alors de soutenir les initiatives des usagers qui désirent réduire l’impact de leur consommation sur leur santé.
Dans le domaine du vapotage, les usagers tiennent une place centrale. Ils se sont impliqués dans son développement et la communication l’entourant. Dès le départ, une communauté importante s’est formée sur Internet, les utilisateurs échangeant conseils et expériences via des blogs et des forums. Au fil du temps, les usagers se sont même emparés de questions capitales comme celles des normes de sécurité ou de l’analyse des e-liquides. En Suisse, les vapoteurs se sont également réunis au sein de l’association Helvetic Vape. Une manière de faire entendre leur voix en faisant du lobbying auprès des instances politiques.
Dans le domaine des drogues illégales, l’association vaudoise FM-R fait aujourd’hui référence et peut servir de modèle à une participation active des usagers au débat sociétal les concernant en Suisse. Des associations en France comme psychoactif.org ou psychonaut.fr offrent des conseils en ligne pour réduire les risques. Ces mouvements sont regroupés au niveau mondial dans le réseau International Network of People Using Drugs (INPUD).