Le Nightlife est le vocable qui explicite les multiples modes d’interventions en matière de prévention et de réduction des risques en milieu festif. Ce terme est apparu dans les années 1990 avec l’explosion des offres de la vie nocturne. Une définition stricto sensu n’existe pas. Les interventions s’attachent à aller à la rencontre des publics dans les soirées afin de renforcer la responsabilité des personnes rencontrées en augmentant leur niveau de connaissance, partant du simple principe que faire des choix éclairés nécessite des connaissances aiguisées.
Depuis les années 90, les actions de prévention et de réduction des risques en milieux festifs se multiplient en Suisse. Ces actions sont souvent réunies sous le terme Nightlife, bien qu’une définition stricto sensu n’existe pas.
Si les premières initiatives venaient directement des usagers, les dispositifs actuels sont majoritairement institutionnalisés et s’inscrivent dans la politique helvétique en matière de drogues. En Suisse romande, notamment, de nombreuses associations et structures sont actives dans ce domaine.
Le public cible du Nightlife est particulier puisqu’il s’agit avant tout de personnes consommant durant les loisirs ou en milieu festif. Que ce soit dans les clubs, lors de festivals ou au sein de l’espace public, ils absorbent des substances psychoactives, légales ou illégales, telles que l’alcool, le cannabis, la cocaïne ou la MDMA. Leurs objectifs sont, entre autres, le plaisir, la détente, la recherche de partenaires sexuels, la désinhibition ou l’augmentation des performances
Le public cible est constituée d’adolescents, de jeunes adultes et d’adultes mais peut aussi intégrer des personnes plus âgées qui fréquentent les lieux où l’on fait la fête.
Les risques liés à des consommations dans le cadre du Nightlife sont :
Le Nightlife pose également la question de l’espace public et de sa gestion (nuisances sonores et du littering) quand il ne s’agit pas de dégâts au mobilier urbain.
Les personnes œuvrant dans le domaine du Nightlife étaient historiquement issus du milieu festif, notamment de la scène électro, ce qu’on appelle les « pairs ». Puis, des professionnels de la santé ou du social ont progressivement investi ce champ d’action. Pour les intervenants, l’essentiel consiste dans le fait de cultiver une opportunité de rencontre avec les fêtards, dans un temps court, de les écouter sans jugement moral, d’amener à questionner leurs pratiques et de cibler les informations à transmettre. Différents moyens contribuent à renforcer cette promotion de la santé et à répondre aux besoins évoqués, comme de la documentation, la mise à disposition d’eau, de préservatifs, de pailles et d’autres outils de réduction des risques. Ils entrent en contact avec d’autres acteurs du domaine festif : les ambulanciers, les organisateurs d’événements, les policiers ou encore les administrations publiques.
L’intérêt croissant pour le Nightlife, mais aussi le besoin de forte mobilisation durant les nombreuses périodes festives et les fins de semaine, a fait se développer des ressources humaines importantes comme les pairs et les bénévoles. Pair ou bénévole ne veut pas dire amateur. Ayant par exemple le même âge, la même orientation sexuelle ou la même communauté culturelle que le public cible, ces personnes disposent d’un intérêt marqué pour le milieu festif et leur engagement s’apparente au militantisme.
L’intervention Nightlife repose sur un travail pluridisciplinaire. Elle recourt à des savoirs transversaux des approches de prévention, repérage, réduction des risques, et d’orientation. Elle s’appuie sur des valeurs et des principes. On peut dire que les spécificités de l’intervention en milieu festif se développent autour d’un langage et de pratiques communs :
Les offres s’avèrent cependant particulièrement nécessaires pour une minorité du public dont les comportements sont les plus à risque et qui ont ainsi l’occasion, dans un tel contexte, d’accéder à des informations, des conseils voir des relais et ainsi de renforcer des comportements plus protecteurs. En cela, il s’agit d’une intervention que l’on qualifiera de précoce.
L’accessibilité des informations et des connaissances pratiques et théoriques autour des consommations est au centre des activités. La particularité du Nightlife réside dans le fait d’être dans un contexte de plaisir, de prendre pleinement en compte cette dimension dans la consommation de psychotropes, sans jugement moral. C’est une ouverture temporelle permettant d’établir un lien et d’aborder les pratiques, les questionner et ldispenser les messages qui soient utiles aux usagers.
Pour les acteurs de la prévention, de la réduction des risques et de la santé au sens plus large, il est capital de toucher les groupes cibles car la santé de certains consommateurs peut être compromise sans que les symptômes classiques d’un problème plus important ne se manifestent pas encore.
La prévention entre le passage d’une consommation récréative à une consommation problématique est au coeur de l’intervention. Si celle-ci devait tout de même survenir, il importe de réduire les risques accrus d’intoxications alcooliques et d’overdoses, d’accidents routiers, de violences et de transmissions de maladies. Pour atteindre ce but, il existe des mesures structurelles comme le fait d’agir sur les heures de mises à disposition de l’alcool dans les établissements de nuit ainsi que sur l’offre de transports permettant de rentrer chez soi.
Il existe différents labels romands prônant la prévention et la réduction des risques lors d’événements, notamment le label Smart Event destiné aux manifestations temporaires fribourgeoises, le Label Fiesta en Valais ou encore la Charte FestiPlus dans le canton de Vaud. La charte Label Nuit, dernier-né en 2018, est un label « de ville » lausannois qui intègre aussi la prévention du harcèlement.
Mapping des actions en mars 2018 (Bérénice Monnier et Alexandre Terreaux, Travail de Bachelor, EESP, 2018)
Particulièrement concernées par les retombées négatives de la vie nocturne, les villes rencontrent notamment des difficultés liées aux excès d’alcool. Il s’agit, entre autres, de problèmes sanitaires, de dégradations du mobilier urbain et d’abandon de détritus (littering). Les spécialistes observent également une forte augmentation des bagarres et des voies de faits, scandales et tapages nocturnes au centre-ville. L’Union des villes suisses a publié un rapport en 2013 sur cette thématique.
D’autres villes prennent le problème au sérieux et se dotent de recommandations ou projets en faveur du Nighlitfe tel que décrit dans le magazine Dépendances.
Infodrog et son interface Safer Nightlife Swiss permettent de peser sur le débat avec des données solides. Ce réseau fait interagir les différents acteurs ainsi que les autorités au niveau de la Confédération, des cantons et des communes. La Coordination nationale réunit les plateformes des associations professionnelles dans le domaine (GREA et Fachverband Sucht) et est coordonnée par Infodrog.
La Stratégie nationale Addictions 2017-24 aborde la réduction des risques en milieu festif mais l’application relève des cantons, d’où une certaine disparité. Safer Dance Swiss est le seul projet opérationnel qui se veut transcantonal puisqu’il tend à être présent sur les manifestations en Suisse avec des intervenants des différentes langues.
Le drug checking est un outil de réduction des risques destiné aux consommateurs de substances psychoactives qui permet d’analyser la composition d’une substance achetée sur le marché noir. Le drug checking s’accompagne d’une consultation individuelle.
Il existe le drug checking mobile et celui en structure stationnaire. En milieu festif, il consiste en un laboratoire mobile d’analyse de la substance dans les clubs ou les fêtes, comme par exemple la Street Parade de Zurich. Le consommateur peut faire analyser sur place sa substance. En quelques dizaines minutes, il obtient les résultats et s’entretient avec un intervenant. La substance est rendue à l’usager qui est libre de la consommer ou non en toute connaissance de cause. Dans le drug checking en stationnaire, le consommateur dépose sa substance en début de semaine et obtient les résultats avant le week-end. Une consultation est aussi liée à la remise des résultats.
Berne (premier dispositif mobile en 1998) , Zurich et Bâle sont dotés du drug checking stationaire. Genève dispose d’un tel outil depuis le 3 juin 2019 géré par l’Association Nuit Blanche?. Enfin, le canton du Jura (Chant du Gros) le propose en milieu festif, mais dans une mesure moins poussée . L’objectif du drug checking est de permettre aux consommateurs récréatifs d’accéder aux offres de prévention et de réduction des risques. De plus, le drug checking permet de mieux comprendre les tendances et les dynamiques du marché illégal de la drogue et la consommation de substances illégales.