Les statistiques le prouvent, la plupart des jeunes se portent bien. Beaucoup ne consomment pas ou peu de produits psychotropes. Toutefois, une minorité rencontre des difficultés qui se traduisent parfois par une consommation problématique de substances. Un travail en réseau est indispensable pour permettre aux professionnels, mais aussi à la communauté, d’accompagner ces jeunes au mieux vers leur autonomie, leur épanouissement et leur intégration sociale et professionnelle.
La jeunesse est un public spécifique qui mérite toute notre attention. Si la notion de risque associée à la consommation des jeunes comporte un réel danger de stigmatisation (rappelons que les adultes restent les plus gros usagers de psychotropes), elle n’en est pas moins bien réelle : la consommation chez les adolescents et jeunes adultes risque d’interférer avec leur évolution particulièrement intense et fragile à ce moment-là de leur vie. Cet à priori est également une manière pour les adultes de ne pas remettre en question leur propre consommation alors qu’eux-mêmes restent les plus gros usagers de psychotropes. Chez les jeunes, l’absorption de substance tient plus de l’exploration et de la construction identitaire que de l’addiction.
Les pratiques à risques de certains jeunes nous interpellent quand elles dépassent le cadre de l’exploration et des pratiques festives. Elles peuvent alors être des essais malheureux de réponses à un mal-être qui peut être relationnel, familial, sociétal, ou liés à des troubles psychiques.
La démarche de l’Intervention Précoce (voir dossier Intervention Précoce) sert de socle conceptuel commun aux divers projets menés au GREA concernant l’accompagnement des jeunes qui se trouvent en situation de vulnérabilité. Ce concept vise à décloisonner les savoirs et permettre à l’ensemble des acteurs concernés de se rassembler autour d’une vision capable de fédérer les différentes actions.
Ainsi, il est nécessaire d’avoir un regard global sur le jeune et sa situation afin de pouvoir agir sur les ressources (une passion, des amis, etc.) sur lesquelles il va pouvoir s’appuyer. L’aspect communautaire est également très important. Tous les adultes qui sont amenés à côtoyer des jeunes (enseignants, travailleurs sociaux, infirmiers scolaires, etc.) ont une responsabilité collective envers eux et devraient être attentifs à ces questions.
Une logique de soutien est toujours préférable, les sanctions isolées ne menant qu’à l’exclusion et à la stigmatisation. Entre banalisation et dramatisation, il convient de se montrer attentif et engagé auprès des jeunes et leur famille en difficulté.
Finalement, il est conseillé d’intégrer davantage les jeunes dans des démarches de prévention par les pairs afin de sortir d’une vision paternaliste.
Les neurosciences montrent que le cortex préfrontal, qui représente le siège de la planification, de la hiérarchisation des priorités, du contrôle des impulsions, et de l’anticipation des conséquences de ses actes, est la dernière partie du cerveau à être touchée par les remaniements neuronaux importants se terminant entre l’âge de 22 et 25 ans. Cela nous donne une compréhension des difficultés que connaissent la plupart des jeunes à prendre des décisions comme un adulte et à anticiper les conséquences de leurs actes. Cette fragilité développementale plaide pour un renforcement de la protection de la jeunesse, notamment en encadrant l’accès aux activités qui comportent un risque d’addiction. C’est en effet dans le groupe des plus jeunes « expérimentateurs » que se trouvent une partie des personnes qui auront des problèmes d’addiction par la suite. Ce constat n’a pas de valeur prédictive pour un individu mais permet de montrer l’importance de la prévention visant à retarder les premières expérimentations.
La communauté doit pouvoir protéger la jeunesse et repérer les difficultés pour proposer un soutien adapté aux besoins des adolescents qui se trouvent en situation de vulnérabilité.
D’après la Constitution fédérale, l’article 11 stipule « Les enfants et les jeunes ont droit à une protection particulière de leur intégrité et à l’encouragement de leur développement ». Notre société a une position paradoxale face aux jeunes : à l’image de la Constitution, certaines lois prévoient de protéger les jeunes et les enfants mais il existe encore un écart important entre ces bonnes intentions et la mise en œuvre de moyens concrets.