Stricto sensu, l’intervention précoce désigne une marche à suivre qui permet d’agir le plus rapidement possible sur le développement d’une problématique qui concerne un individu en particulier. En tant que méthode, l’intervention précoce n’inclut aucun objectif prédéfini. Elle se prête aussi bien à une action concertée visant l’inclusion qu’à des politiques sécuritaires visant l’exclusion (Al Kurdi et Couteron, 2015).
Afin de limiter les dérives possibles, les professionnels suisses se sont engagés à respecter la vision commune suivante :
- L’IP respecte le bien-être de la personne concernée et le principe de proportionnalité.
- L’IP reconnaît le droit à la différence et à l’autodétermination. Des périodes de crise et de comportements inadéquats font partie d’un processus de développement normal. Ce principe atteint ses limites lorsque l’intégrité physique et mentale, la santé et /ou le développement de la personne concernée et /ou de son environnement sont durablement menacés.
- Toutes les personnes en contact avec les personnes concernées ont la responsabilité, dans le cadre de leur rôle (professionnel), d’agir dans le sens de l’IP.
- La qualité de la relation, valorisante et encourageante, avec la personne concernée, est une condition préalable nécessaire à tout repérage précoce et augmente l’efficacité d’une IP adaptée à la situation.
- L’IP prend également en compte le contexte de vie de la personne concernée. Il soutient les acteurs impliqués et leur donne une assurance dans l’action.
- L’IP est une tâche d’intérêt commun qui repose sur une coopération engagée entre les différents professionnels, personnes de référence et organisations spécialisées. Des rôles clairs, des processus bien définis, des objectifs partagés et une définition commune des risques et de la vulnérabilité sont des facteurs de réussite importants.
- Les professionnels et les personnes de référence respectent tout au long du processus d’IP les droits des personnes concernées ainsi que leur faculté d’autodétermination adaptée à leur développement et à leur situation. Un travail de réseau coordonné – qui promeut les ressources individuelles, soutient et protège les personnes concernées en cas de besoin – leur garantit une participation active ainsi qu’une communication transparente.
- La promotion et la mise en œuvre de l’IP nécessite un mandat politique et institutionnel clair ainsi que des ressources en matière de financement, de temps et de personnel.
- L’IP a pour ambition de reconnaître et de dénoncer des conditions sociales et structurelles défavorables, ainsi que de s’engager pour un environnement favorable à la santé.
La charte nationale est soutenue par les organisations, conférences et commissions suivantes :
Addiction Suisse, Avenir Social, Fachverband Sucht, Groupement romand d‘études des addictions (GREA), Infodrog, Radix, Société Suisse de Médecine de l’Addiction (SSAM), Ticino Addiction, Association suisse des responsables cantonaux pour la promotion de la santé (ARPS), Conférence des déléguées cantonaux aux problèmes des addictions (CDCA), Conférence des délégués des villes aux problèmes de dépendance (CDVD), Office fédéral de la santé publique (OFSP).