La Commission mondiale pour la politique des drogues l’affirme: la guerre mondiale contre les drogues s’est soldée par un échec. L’opinion publique évolue. Aujourd’hui, les experts s’accordent à dire qu’un changement de paradigme est nécessaire et qu’il faut envisager une réglementation du marché de la drogue, et en premier lieu, celui du cannabis. C’est la drogue illégale la plus consommée au monde et plusieurs arguments plaident en faveur de sa régulation légale.
1. Réduire la taille du marché illégal
Le cannabis est le plus gros marché des drogues en Suisse. On peut l’estimer à près de trois quarts du volume total. En réglementant ce marché, on porte un coup fatal aux réseaux criminels et on renverse le rapport de force. Sur un marché réduit de plus de moitié, les moyens policiers affectés au marché illégal restant seront forcément plus efficaces.
2. Encadrer les problèmes liés au cannabis
Les difficultés liées à une surconsommation de cannabis sont bien connues et relèvent de différents ordres (psychique, apprentissage, insertion sociale). Pour diminuer efficacement ces difficultés, les approches de types « intervention précoce » (voir dossier Intervention Précoce) ont démontré leur efficacité, comme le montrent les expériences suisses ou portugaises. Elles sont tout à fait compatibles, voir même favorisées, avec un régime de règlementation. De par la nature du produit, la règlementation du marché du cannabis apparaît donc comme plus facile à organiser que pour d’autres produits.
3. Protéger la jeunesse
Malgré son statut illégal, il est extrêmement facile de se procurer du cannabis, y compris pour les mineurs. En réglementant le marché, des mesures de restriction d’accès pour les jeunes pourraient être mises en place, telles qu’elles existent pour l’alcool et le tabac.
4. Séparer les différents marchés de la drogue
Une répression forte du cannabis conduit à une fusion de ce marché avec celui des drogues dites « dures ». C’est ce qui s’est passé en Suisse depuis 2008 avec le refus de la loi en faveur d’une réglementation. Le marché du cannabis est absorbé par celui de la cocaïne et de l’héroïne. Les consommateurs de cannabis sont donc plus facilement amenés à essayer d’autres produits, plus dangereux. La réglementation permettrait de faire une distinction forte entre les différents marchés.
5. Diminuer le marché noir
Les trafiquants sont présents sur différents marchés, ce qui est illégal est ce qui rapporte le plus. Dès lors, réglementer le marché du cannabis impliquerait une perte de gain conséquente pour les réseaux mafieux, car cela reviendrait à leur retirer les trois quarts du marché de la drogue.
6. Diminuer la visibilité du trafic
Réglementer le commerce du cannabis pourrait permettre de soulager l’espace public d’une part importante du trafic de rue (deal). Bien que l’on parle souvent de « dealer de coke », la réalité des saisies policières nous montre que le cannabis est le produit le plus vendu dans la rue. Ce point est actuellement jugé prioritaire par la population.