Définition du GREA
Le concept d’addiction a autant de définitions qu’il existe de postures et de points de vue sur le sujet. Comme mentionné dans sa charte, le GREA privilégie une approche humaine et sociale de ce concept.
L’addiction est la perte de l’autonomie du sujet par rapport à un produit ou à un comportement. Elle se caractérise par l’association de deux dimensions :
- La souffrance de la personne
- Les changements de son rapport au monde (aliénation)
Il est primordial de comprendre que seule une minorité de personnes souffrent d’addiction, et que la majorité d’entre elles contrôlent leur consommation. On ne développe pas de problématiques d’addiction en buvant un verre de vin, en prenant une fois de la cocaïne, ou encore en misant de temps à autre dans un casino.
Définition de la Fédération des professionnel·le·s des addictions
Pour la Fédération des professionnel·le·s des addictions, qui regroupe les faîtières des trois régions linguistiques GREA (FR), Ticino Addiction (IT) et Fachverband Sucht (DE), les termes « Sucht » en allemand, « addictions » en français et « dipendenze » en italien sont utilisés de manière synonyme. On entend par addiction l’émergence d’un phénomène issu de multiples facteurs, à la fois médicaux, psychologiques et sociaux, impliquant la perte de maîtrise de l’usage d’un produit ou d’un comportement.
L’addiction ne permet plus à la personne d’être autonome face à son projet de vie et à ses relations sociales. Elle demande une réponse de la collectivité dans plusieurs domaines complémentaires, à savoir le social, la santé, la sécurité, l’éducation et l’environnement.
Les définitions dans le domaine médical et de la psychiatrie
Les professionnel·le·s de la santé ne parlent pas de diagnostics d’addiction. Ils évoquent le syndrome de dépendance ou les troubles liés à l’usage de substances ou comportementaux. Il s’agit d’un diagnostic médical posé à la suite d’une anamnèse par un·e professionnel·le de santé qui se centre sur les symptômes, soit les éléments tangibles, objectifs et catégorisables.
Pour ce faire, les spécialistes s’appuient sur la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM-11 de l’OMS) qui définit les critères requis pour établir le diagnostic de syndrome de dépendance, ainsi que sur la nouvelle classification du DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder) de l’Association Américaine de Psychiatrie. La nouvelle classification du DSM-5, de l’Association Américaine de Psychiatrie, supprime les notions d’usage nocif (abus) et de dépendance pour les regrouper en un seul diagnostic de « troubles liés à l’usage d’une substance ou d’un addictif ». Les critères diagnostiques de ces troubles sont presque identiques à ceux de l’usage nocif (abus) et de la dépendance des classifications antérieures combinés en une seule liste, à deux exceptions près : le critère de « problèmes judiciaires récurrents » a été retiré, le critère de « craving » a été ajouté ». (Voir dossier Santé mentale)
Selon Michel Reynaud, le DSM-5 a apporté une approche dimensionnelle, c’est-à-dire que le sujet présente une addiction plus ou moins grave selon le nombre de symptômes présentés dans une liste de 11 éléments regroupant l’abus et la dépendance. Cette évolution du concept d’addiction a des conséquences sur les prises en charge addictologiques.
Cette nouvelle approche, dimensionnelle, permet de justifier l’utilité d’interventions et de programmes de soins gradués, allant de la simple intervention brève à la prise en charge globale médicopsychosociale. Elle justifie également les stratégies thérapeutiques allant de la simple réduction de consommation à l’abstinence. Mais il y a une constante qui persiste dans la compréhension des addictions : la nécessité d’une approche biopsychosociale.