Savary, J.-F. (2008). Votons OUI à la révision de la Loi sur les Stupéfiants (LStup)! publié sur le site www.reiso.org
Votons OUI à la révision de la Loi sur les Stupéfiants (LStup) !
Jean-Félix Savary
Secrétaire général du GREA, Coordinateur comité « OUI à la LStup ! »
Le champ des addictions se mobilise activement en vue de la votation du 30 novembre. Toutes les institutions qui travaillent dans le domaine des addictions se prononcent pour la révision partielle de la loi sur les Stupéfiants. Elle vient reconnaître et consolider le travail énorme qui se fait sur le terrain depuis une vingtaine d’année. Les problèmes d’addictions sont importants en Suisse. Nous ne pouvons nous permettre de les ignorer et de nous retrancher derrière de jolis principes moraux, comme le font les référendaires.
La drogue plonge certains individus dans des situations de détresse difficilement imaginables. Les proches et l’entourage s’en trouvent aussi fortement perturbés. Cependant, des portes de sortie existent et la majorité des personnes toxicomanes s’en sortent ! Mais il est difficile de le faire seul. La société doit faire preuve d’humanité pour les accompagner vers un avenir plus serein. Il ne faut pas céder au fatalisme. Derrière chaque personne toxicomane, il y a un être humain qui aspire à (re)trouver une vie mieux intégrée dans la société. Grâce à l’aide apportée sur le terrain, de nombreuses personnes y réussissent !
La politique des quatre piliers s’est construite progressivement grâce à un savant mélange entre pragmatisme et responsabilité. Elle est aujourd’hui ancrée dans la pratique quotidienne des intervenants en toxicomanie et a permis des avancées très importantes face aux questions de dépendance.
Pragmatisme, car ce sont les acteurs de terrain, qu’ils soient policiers, médecins, travailleurs sociaux ou proches des usagers de drogue, qui ont su apporter leur témoignage quant aux besoins appropriés nécessaires pour rencontrer et accompagner les personnes toxicodépendantes dans leur souffrance.
Responsabilité politique, car les décideurs, tant au niveau professionnel que politique, ont su écouter et mettre en place les conditions nécessaires au développement du dispositif que l’on connaît aujourd’hui. Il ne faut pas oublier les situations terribles qu’ont représentées l’expansion du SIDA et les scènes ouvertes dans les années 80. Il existe aujourd’hui au niveau politique des organes de référence qui travaillent sur l’ensemble du territoire suisse, comme la Commission drogue aux chambres fédérales, la Communauté nationale de travail politique de la drogue (NAS-CPD), ou les autres commissions et groupes d’experts au niveau régional.
La politique des quatre piliers est une réponse sérieuse au défi que nous pose ce problème complexe qu’est la consommation de drogue. La concertation des intervenants en toxicomanie ne s’est pas faite facilement au cours des dernières décennies. Malgré des visions différentes, politique, médecin, travailleur social, psychologue, policier, parent ou même usager de drogue, toutes ces personnes concernées se sont concertées pour chercher une réponse commune. Si l’abstinence reste l’objectif à atteindre, l’approche pragmatique de la politique des 4 piliers atteste que les chemins pour y parvenir sont nombreux, parsemés d’étapes souvent longues et très difficiles.
Le traitement des consommateurs de drogue n’est aujourd’hui possible que grâce à la complémentarité des acteurs concernés. Le travail extraordinaire réalisé par tous, tant au plan national qu’international, a permis de faire des avancées très importantes dans le traitement des toxicomanies. Cependant, d’autres dépendances sont concernées et bénéficient de ces connaissances comme, par exemple, l’anorexie, la boulimie, la dépendance au jeu ou aux médicaments, etc.
La politique drogues de la Suisse est avant tout une affaire locale. Les différences entre les régions demeurent importantes, (villes – campagnes, Suisse romande – Suisse alémanique). C’est dans ce cadre foncièrement fédéraliste que s’est développée la politique des 4 piliers. Cette approche souple et respectueuse des sensibilités locales est d’ailleurs à la base de son succès. Il serait totalement contre-productif d’imposer un modèle uniforme dans une société aussi complexe et différenciée que peut l’être la Suisse d’aujourd’hui. Toutes les décisions politiques sur les drogues se prennent localement, aujourd’hui comme demain.
Pour touts informations complémentaires, visitez le site de la campagne : http://www.lstup.ch