Visite du Quai 9 et présentation du « Projet prison » à la plateforme prison

À l’occasion de la dernière plateforme prison organisée au Quai 9, les participant·e·s ont découvert le fonctionnement de cette structure d’accueil inconditionnel et les réalités de terrain liées à la consommation de drogues, en particulier de crack. La rencontre a aussi permis de présenter un dispositif novateur d’accompagnement – en détention et post-carcéral –  mis en œuvre par l’association Première Ligne.

La dernière plateforme prison s’est tenue au sein du Quai 9, structure d’accueil à bas seuil pour usager·ère·s de drogues à Genève, portée depuis 24 ans par l’association Première Ligne, que le GREA remercie chaleureusement pour son accueil. Depuis sa création, le dispositif a su évoluer pour s’adapter aux transformations du contexte social et sanitaire, notamment avec l’apparition du crack, qui a fait émerger de nouveaux besoins et de nouveaux défis.

Dans ce contexte., la visite des lieux a permis de mieux comprendre les réalités actuelles du terrain, les prestations proposées (espaces de consommation sécurisés, de repos, réduction des risques, aide à la survie, conseils, etc.), et les défis quotidiens : création de liens avec des usager·ère·s très précarisé·e·s, gestion des tensions avec le voisinage, ou encore adaptation aux besoins spécifiques liés à la consommation de crack, plus rapide que d’autres modes de consommation, mais aussi marquée par une forte compulsivité et des réactions d’impulsivité. Ces caractéristiques rendent plus difficile la création d’un lien social, la discussion, l’orientation ou l’accompagnement individualisé.

Cette rencontre a également permis de découvrir le « Projet prison », un dispositif innovant visant à soutenir les personnes usagères de drogues pendant et après leur incarcération. En collaboration avec le Service de médecine pénitentiaire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), ce projet développe des actions personnalisées, valorise les ressources individuelles et maintient un lien de suivi pour favoriser une réinsertion plus stable. Il s’appuie sur une solide collaboration avec le réseau sociosanitaire, carcéral et judiciaire, et a déjà permis de créer des passerelles concrètes entre l’intérieur et l’extérieur de la prison. Plusieurs retours soulignent l’impact positif de cet accompagnement, notamment en termes de continuité des soins, de reprise de démarches administratives et de remobilisation personnelle.

Malgré des obstacles structurels persistants – comme les incarcérations de courte durée, qui interrompent brutalement les parcours de soin ou d’insertion sans laisser le temps de construire un accompagnement adapté – ainsi que la stigmatisation, le manque de solutions d’hébergement ou l’insuffisance de dispositifs post-carcéraux, le projet incarne une réponse pragmatique et humaine aux besoins d’un public souvent invisible.