La session de mars 2025 restera dans les annales comme celle qui a définitivement enterré trois décennies d’unanimité apparente. Les six résolutions adoptées par vote témoignent de fractures profondes qui transforment le paysage de la politique internationale des drogues, avec des conséquences majeures pour l’avenir du système mondial de contrôle, comme le souligne l’analyse de l’IDPC.
Une révolution colombienne historique
L’événement majeur aura été l’adoption d’une résolution colombienne créant un panel d’expert·e·s indépendant·e·s chargé d’examiner le système mondial de contrôle des drogues. Soutenue par 30 pays, cette initiative n’a rencontré l’opposition que de trois États : Argentine, Russie et États-Unis.
L’administration Trump bouleverse la diplomatie
Les États-Unis ont adopté un style diplomatique inédit, accusant directement le Canada, la Chine et le Mexique de contribuer à la crise des opioïdes, tout en s’opposant systématiquement aux références aux Objectifs de développement durable et à l’OMS. En parallèle, la Chine se positionne comme alternative en offrant flexibilité et respect des « circonstances uniques de différents pays ». Les coupes drastiques dans l’aide américaine ont déjà des conséquences dramatiques : 77% des organisations de personnes qui utilisent des drogues rapportent des disruptions sévères de leurs programmes, selon une enquête d’INPUD.
Évolutions notables sur plusieurs fronts
Une transformation paradoxale
L’effondrement du consensus pourrait revitaliser la CND en la transformant en véritable organe de décision. Comme l’observe l’ambassadeur indien Shambhu Kumaran : « Le débat n’est pas seulement sain mais nécessaire pour un système multilatéral dynamique. » Cette nouvelle ère post-consensus ouvre la voie à des discussions substantielles sur l’efficacité d’un système qui peine depuis des décennies à atteindre ses propres objectifs.