Suite à l’affaire Palmade, la stigmatisation des personnes pratiquant le chemsex a été considérable et a donc incité la Fédération Addiction en France à faire un communiqué. Ce phénomène fait également l’objet de réflexions et d’actions en Suisse depuis plusieurs années, à l’image des formations continues proposées par AIDS Suisse en collaboration avec Infodrog.
Le terme chemsex est un néologisme et un acronyme qui se composent des termes « chemicals », produits chimiques, et « sex ». Il décrit la consommation volontaire et planifiée de ces produits avant ou pendant l’activité sexuelle afin de faciliter, de prolonger, ou d’intensifier l’interaction sexuelle, tout en éliminant les inhibitions. Parmi les substances chimiques utilisées se trouvent notamment les cathinones de synthèse, mais également du GHB et dans une moindre mesure de la cocaïne, de la MDMA, de la kétamine ou de la méthamphétamine.
Si la prise de substances dans un contexte sexuel peut avoir lieu dans le cadre de relations tant hétérosexuelles qu’homosexuelles, le chemsex désigne historiquement un ensemble de pratiques spécifiques aux communauté gays. Ce terme est en effet apparu au milieu des années 2000 dans le sillage laissé par l’épidémie de sida qui a notamment marqué la culture gay dans les années 1980. Il s’inscrit dans des spécificités liées à cette culture qui laisse une place importante à la non-exclusivité et au sexe en groupe. Le chemsex est aussi rattaché à la culture de consommations de produits psychoactifs de cette communauté qui a parfois porté, par exemple, l’utilisation de poppers en contexte sexuel ou d’ecstasy et de cocaïne dans les milieux festifs. En outre, le développement des sites et d’application de rencontres a également eu une incidence sur l’évolution de cette pratique. En effet, les réseaux sociaux ont rendu les rencontres sexuelles plus « immédiates » et ont favorisé leur privatisation aux dépens des lieux publics.
La pratique du chemsex donne pourtant lieu à de multiples enjeux en termes de santé publique et qui sont liés notamment à la transmission de maladies ou d’infections sexuellement transmissibles, à des risques de surdosages, à des risques de blessures physiques et à des risques en lien avec la santé mentale. Afin de renforcer l’offre pluridisciplinaire de prévention sexuelle et de réduction des risques, la Fédération Addiction, en partenariat avec AIDES, a développé le projet ARPA-Chemsex.
Enfin, il semble donc aujourd’hui important de ne pas restreindre cette pratique à un milieu strictement communautaire afin de mieux comprendre l’ampleur de ce phénomène. En effet, si le chemsex est de plus en plus documenté, les études existantes portent toujours sur les relations entre les hommes. Il serait donc intéressant d’analyser dans quelle mesure ce type de pratique se développe au sein du reste de la population et suivant quelles modalités, afin de cerner les problèmes spécifiques qui pourraient y être associés.