Un essai pilote bâlois de vente de cannabis controversé

L'entreprise berlinoise Sanity, qui compte la société de tabac British American Tobacco parmi ses investisseurs, a été autorisée à effectuer un test pilote de vente de cannabis à Bâle. Il est essentiel de légaliser le cannabis pour contrer le marché illégal, mais il faut veiller à une réglementation appropriée. Les projets pilotes permettent d'évaluer différents modèles de régulation, montrant dans ce cas qu'un modèle commercial axé sur le profit peut négliger la santé publique. Le GREA soutient un modèle non lucratif, étatique ou associatif de la vente de cannabis, avec une emphase sur la production locale afin que les recettes bénéficient à des producteurs suisses et permettent de financer la prévention et l'aide aux personnes en ayant besoin.


La régulation du cannabis est nécessaire et les projets pilotes sont autant de moyens de tester différents modèles de régulation de la vente et de la production. Si le marché illégal n'est pas acceptable, les conditions précises et les différents modèles d'une régulation sont cruciales. De fait, le rôle des projets pilotes est d'évaluer les mesures les plus efficaces ou celles, au contraire, qui semblent contre-productives pour la santé publique. Toutefois, les projets pilotes peuvent aussi permettre aux entreprises étrangères de pénétrer le marcher suisse en vue d'une légalisation généralisée.

Un modèle commercial à but lucratif est problématique aux yeux des spécialistes des addictions. En effet, les incitatifs s'orientent vers la vente et le chiffre d'affaires, une perspective peu réjouissante en termes de santé publique et de problématique sociale. Si cela peut être efficace pour éliminer rapidement le marché illégal (un argument souvent mis en avant par les tenants de l'industrie). Dans les projets pilotes prévus à Bâle-Campagne, dans les deux villes d'Allschwil et Liestal, c'est le modèle qui semble être choisi, comme le souligne la SRF (en suisse-allemand), avec le choix de l'entreprise allemande Sanity Group. Les partenaires affirment qu'ils souhaitent tester la remise de produits à moindres risques, sans combustion. Cette entreprise est financée notamment par British American Tobacco, qui s'intéresse à se développer au-delà du tabac, et Calvin Cordozar Broadus, Jr., plus connu sous le nom de Snoop Dogg. 4 000 personnes participent à ce projet pilote, le plus grand de Suisse. Il ne faut pas confondre ce projet avec celui de Bâle-Ville, où ce sont des pharmacies qui s'occupent de la distribution.

Frank Zobel, qui s'occupe du projet pilote de Lausanne est interrogé par la SRF et souligne l'intérêt majeur d'entreprises étrangères à pénétrer sur le marché suisse. Le GREA défend un modèle non lucratif, encadré par l'État ou des associations à but non lucratif afin que la collectivité conserve son mot à dire sur la régulation. En outre, lorsque des entreprises sont impliquées, le GREA défend des circuits courts et locaux, notamment afin de pouvoir s'assurer que les revenus liés puissent revenir en partie à la prévention et au soutien nécessaire à celles et ceux qui en auraient besoin.