Thaïlande: une proportion élevée de personnes incarcérées pour des délits liés aux drogues

Au cours des vingt dernières années, on a pu observer une augmentation significative du nombre de personnes emprisonnées pour des infractions en lien avec les drogues. Point de situation sur ces questions dans un rapport publié par l’IDPC.

La Thaïlande a l’une des proportions les plus élevées de personnes incarcérées pour des infractions liées aux drogues au monde. En date du 1er janvier 2024, 206 080 personnes étaient incarcérées pour des délits liés aux drogues, représentant 74,5 % de l’ensemble de la population carcérale.

Dans le document consacré à ces questions, deux spécialistes du Thaïland Institute of Justice (TIJ) analysent la situation et mettent en évidence les facteurs ayant conduit à ce niveau élevé d’incarcération, en particulier l’approche punitive dans les politiques de lutte contre la drogue au niveau national, souvent qualifiée de « guerre contre la drogue ». Cette dernière a montré ses limites et son inefficacité à atteindre les objectifs aussi bien de contrôle des drogues que de promotion de la santé.

Les auteurs soulignent la pertinence de concepts tels que la décriminalisation de la consommation et de la possession de drogues pour usage personnel, en montrant que certaines réformes dans le système de justice pénale thaïlandais en particulier le nouveau code des stupéfiants promulgué en 2021 a contribué à une légère diminution de la population carcérale au cours des cinq dernières années. Des premiers pas, même si d’importants efforts restent à fournir.

À ce titre, les auteurs proposent une série de recommandations, notamment d’envisager des réformes supplémentaires dans une optique de décriminalisation, de mettre en place des solutions judiciaires alternatives à l’emprisonnement, de mieux cibler les opérations policières, soit sur les activités criminelles et non sur l’usage et la possession de drogues, ou encore de revoir précisément les seuils de quantité qui déterminent s’il s’agit d’usage personnel ou de vente. En outre, le TIJ préconise d’allouer davantage de ressources pour les programmes de thérapie et de soutien post-carcéral, tout en mettant aussi en place d’essais pilotes de services de réduction des risques.