Un défi sociétal sous-estimé
Le vieillissement de la population en Suisse demande à l’ensemble de la société de s’adapter. C’est une étape de vie unique pour chacun·e, mais qui dépend aussi du contexte politique, culturel et économique dans lequel elle se déroule.
Vieillir, tout comme consommer des substances, ne se résume pas à des réalités biologiques ou médicales. Ces expériences sont influencées par des facteurs psychologiques, sociaux et culturels, comme le souligne le modèle biopsychosocial. Ainsi, les représentations sociales influencent fortement la façon dont ces situations sont abordées et les types d’accompagnement proposés. Or, elles peuvent aussi produire du silence, du jugement ou de l’exclusion, voire de l’âgisme1.
Dans nos sociétés démocratiques, vieillir libre et être accompagné·e dignement est un droit. Pour le garantir, il est essentiel de reconnaître les réalités multiples du vieillissement, y compris celles marquées par des trajectoires de consommation et des situations d’addiction. Cela suppose un changement de regard collectif et institutionnel.
Une double stigmatisation persistante
Trop souvent, les personnes âgées vivant avec une trajectoire d’addiction se heurtent à une double stigmatisation : celle liée à l’âge et celle liée à la consommation. En Suisse, la dimension politique du vieillissement et ses effets sur les rapports sociaux restent encore malheureusement peu débattus collectivement2. Il est donc urgent d’ouvrir ce débat et d’agir en fonction des réalités vécues, avec des solutions concrètes.
Un système qui doit évoluer
Selon le Panorama de la société suisse 2024, les personnes âgées de 65 ans et plus représenteront 24,4 % de la population en 2040. Cette évolution démographique impose aux dispositifs de santé, de soins et d’accompagnement social de s’adapter en profondeur. Pour y parvenir, il est essentiel de renforcer et de soutenir les actions des professionnel·le·s de terrain, en favorisant une approche interdisciplinaire. Cela suppose de créer des ponts entre les domaines du vieillissement et des addictions, afin de garantir un accompagnement respectueux et adapté aux réalités hétérogènes des senior·e·s.
Repenser un héritage pionnier
Dans les années 1990, la Suisse a été pionnière avec sa politique des quatre piliers : prévention, traitement, réduction des risques et régulation (répression). Ce modèle a permis de sauver des vies et de faire évoluer des pratiques.
Mais aujourd’hui, les personnes qui en ont bénéficié arrivent à un âge avancé, sans trouver de structures adaptées à leurs besoins. Ce vide génère des souffrances évitables, qui exigent des réponses pragmatiques et coordonnées, comme en témoigne un reportage diffusé au 19h30 de la RTS3.
Une réponse collective
Le projet Senior·e·s & Addiction(s) vise à mieux comprendre les réalités des personnes âgées qui consomment, à identifier les freins dans l’accompagnement, et à proposer des pistes concrètes pour faire évoluer les pratiques et les politiques publiques.
En plaçant la santé, le social, les droits et la dignité des personnes âgées au cœur de son approche, ce projet entend contribuer à une société plus juste, plus solidaire et mieux préparée aux défis du vieillissement. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le lien suivant : ici.