Depuis son introduction comme l’un des quatre piliers de la politique des addictions en Suisse, la réduction des risques a fait ses preuves en apportant des interventions concrètes pour limiter les conséquences sanitaires, sociales et économiques de l’usage de substances psychoactives. Pourtant, depuis la révision de la loi fédérale sur les stupéfiants en 2011, peu de progrès ont été accomplis pour adapter l’organisation, la coordination ou les mécanismes de financement des offres d’aide.
Les recommandations adoptées fin 2024 par la CDCA, et confirmées par la CDAS en mai 2025, ouvrent de nouvelles perpectives pour une politique de réduction des risques plus cohérente et efficace en Suisse. Elles mettent l’accent sur des offres mieux réparties, plus accessibles, coordonnés à l’échelle territoriale et intégrées dans une vision globale de la santé publique.
Garantir une offre adaptée aux besoins sur l’ensemble du territoire
Assurer partout en Suisse des services de réduction des risques à bas seuil, ajustés aux besoins régionaux et accessibles à tous les profils de personnes consommatrices, incluant centres d’accueil, salles de consommation, hébergements d’urgence, drug-checking et travail social de proximité.
Garantir un accès à bas seuil aux offres
Les prestations doivent être gratuites, décentralisées et permettre l’anonymat des usagers et usagères. Il est primordial d’éviter les barrières administratives, les limites géographiques strictes ou les exigences de cofinancement qui pénalisent les personnes concernées.
Intensifier la coopération intercantonale en matière de pilotage coordonné des offres
Pour les cantons de petite taille, il est souvent impossible de maintenir des structures spécialisées à eux seuls. La collaboration entre cantons, avec des offres partagées, est ainsi essentielle ; des mécanismes financiers de compensation sont recommandés pour éviter des charges disproportionnées.
Coordination entre les cantons et les villes/communes
La loi fédérale sur les stupéfiants impose aux cantons de mettre en place ou de soutenir des mesures de réduction des risques. Or, le transfert partiel aux communes complique la coordination et fait perdre des synergies. Les cantons doivent donc assurer l’organisation et la coordination avec les communes, y compris lorsqu’elles gèrent directement les services.
La réduction des risques au-delà de l’aide en cas d’addiction
Les services de réduction des risques doivent dépasser le cadre des addictions : consultation médicale, soutien administratif (logement, assurances, etc.), travail social de proximité, collaboration avec la police, … autant d’éléments qui renforcent l’efficacité et l’acceptabilité de ces dispositifs
Le GREA salue ses recommandations. Leur succès dépendra toutefois de deux conditions essentielles : l’allocation de moyens financiers à la hauteur des ambitions affichées – notamment pour garantir la gratuité et l’accessibilité territoriale des prestations – et une reconnaissance concrète du travail interprofessionnel qui fait vivre la réduction des risques au quotidien. Médecins, infirmiers, travailleurs sociaux et pairs-aidants œuvrent ensemble dans une approche holistique qui dépasse le strict cadre de l’addiction.