Selon le rapport, environ 316 millions de personnes ont consommé des drogues en 2023, une hausse qui dépasse la croissance démographique mondiale. Le marché de la cocaïne a battu des records en matière de production (3’708 tonnes), de saisies et d’usage (25 millions d’usager·e·s), avec une forte progression en Europe et en Afrique.
Le marché des drogues de synthèse — notamment les stimulants de type amphétamine, comme la méthamphétamine et le captagon — ne cesse de croître. En 2023, les saisies de ce type de produits ont représenté près de la moitié de toutes les saisies de drogues de synthèse. Le fentanyl et les nitazènes, opioïdes de synthèse extrêmement puissants, provoquent une vague d’overdoses, en particulier aux États-Unis, au Canada et dans certains pays européens.
Europe de l’Ouest et centrale : plus de saisies de cocaïne qu’en Amérique du Nord pour la cinquième année consécutive.
Afrique de l’Ouest et centrale : usage problématique de tramadol et propagation de « kush » — mélange dangereux parfois coupé aux nitazènes.
Asie du Sud-Est et Proche-Orient : montée en puissance du captagon, en provenance de Syrie et du Liban, avec un avenir incertain après les récents bouleversements politiques.
L’édition 2025 du rapport consacre, pour la première fois, un chapitre spécifique aux effets des drogues sur les personnes et les communautés, en soulignant leur portée au-delà de la consommation. L’usage de drogues chez les jeunes constitue une source particulière d’inquiétude : il est associé à des pertes importantes en années de vie en bonne santé. Dans plusieurs régions, les jeunes consomment des drogues au moins autant que les adultes, exposant une génération entière à des risques accrus en matière de santé et de développement.
Le rapport met également en lumière les disparités entre les sexes, tant dans les effets des drogues que dans l’accès aux soins. Les femmes, en particulier, rencontrent des obstacles spécifiques dans les parcours de soins, ce qui renforce les inégalités déjà existantes. Au-delà de l’usage, les marchés illicites ont des conséquences directes sur la sécurité : le trafic alimente le crime organisé, génère des profits considérables et entraîne une montée de la violence dans plusieurs régions. Certaines zones d’origine, de transit ou de consommation connaissent des flambées meurtrières liées aux affrontements entre groupes criminels, ce qui accentue la vulnérabilité des populations locales.
Face à ces constats, l’UNODC insiste sur le fait que ces pertes humaines et sociales ne sont pas inéluctables. L’organisation appelle à des politiques centrées sur les personnes et fondées sur la science. Cela implique de renforcer la prévention dès le plus jeune âge, d’assurer l’accès à des traitements volontaires et adaptés, et d’orienter les réponses judiciaires vers le démantèlement des réseaux plutôt que vers la stigmatisation des usager·e·s.
Des réponses contextualisées, sensibles aux besoins des populations locales, sont essentielles pour réduire les dommages liés aux drogues. Comme le souligne Ghada Waly, directrice exécutive de l’UNODC, « le marché mondial de la drogue continue de croître et de muter, mais il est possible d’inverser la tendance. Les politiques centrées sur les personnes et la science sont notre meilleure chance. »
L’UNODC met à disposition de nombreuses ressources interactives et complémentaires autour du rapport : bases de données, infographies, cartes dynamiques, visualisations par substance ou par région. Ces outils sont disponibles en ligne.