Mis en œuvre par le CHUV ainsi que le Service pénitentiaire vaudois (SPEN) pour une phase pilote de 6 mois à la prison de la Croisée en août 2020, le programme a ensuite été déployé à l’ensemble des sites vaudois étant donné ses excellents résultats passés en revue durant cette plateforme prisons.
La séance a débuté par une présentation de PREMIS par Nathalie Jacquard, Infirmière clinicienne spécialisée au Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires (SMPP). Elle a rappelé en premier lieu l’objectif du programme – la réduction des risques (RDR) en milieu carcéral – ainsi que son contexte, soit l’Ordonnance sur les épidémies de 2015 qui enjoint la mise à disposition de matériel d’injection stérile aux personnes concernées.
Les échanges ont ensuite porté sur certaines réticences qui ont été observées au départ. Lors d’une enquête préliminaire, il y avait par exemple 40% d’avis favorables au niveau du SPEN et 60% au niveau du SMPP, alors qu’au terme de la phase pilote du programme ces pourcentages se sont élevés respectivement à 70 et à 90%. Cette progression significative s’explique par le fait que le programme s’est bien déroulé, et que l’alliance thérapeutique entre personnes concernées et le personnel soignant s’est retrouvée globalement renforcée sans qu’il n’y ait de problèmes spécifiques.
Il s’avère qu’il y a fréquemment un décalage entre l’insécurité ressentie et la réalité. Il semble que les réserves ou craintes observées avant la mise en place du programme se devaient essentiellement à deux phénomènes: 1) une méconnaissance ou incompréhension des principes de la RDR, et 2) aux représentations sociales négatives qui entourent les personnes concernées : celles-ci sont souvent perçues sous le jour de la dangerosité et/ou de la maladie.
Après plus de 3 ans, les résultats positifs du programme, l’absence d’accidents, ainsi que les actions de formation et sensibilisation, ont permis de dépasser en grande partie les réticences initiales, tout en montrant que le fait de fournir du matériel d’injection stérile ne fait pas « appel d’air » en termes de consommation. En effet, aucune personne détenue n’a commencé à consommer des drogues par voie intraveineuse lors du séjour en prison. Le petit nombre de détenu·e·s bénéficiant du programme – actuellement 10 personnes au total – optaient déjà pour ce mode de consommation avant la peine carcérale.