PF « prisons » à l’établissement de Bellechasse : présentation du milieu ouvert et enjeux autour des addictions en détention

L’établissement de détention fribourgeois de Bellechasse (EDFR) a accueilli récemment la PF « prisons » du GREA. Cette rencontre a permis aussi bien de découvrir le secteur « milieu ouvert » de l’établissement, un cadre qui favorise la réinsertion progressive des personnes détenues, que de discuter des enjeux liés aux addictions en détention à travers une étude menée dans le canton.

La plateforme « prisons » a débuté par une visite du secteur « milieu ouvert » de l’EDFR. Ce régime se caractérise par une plus grande autonomie laissée aux personnes détenues dans l’organisation de leur quotidien, avec notamment des horaires élargis de circulation dans les locaux communs, des activités professionnelles internes, et une préparation plus active à la réinsertion. Le site, situé dans un cadre rural, bénéficie de conditions favorisant une approche qui vise à réduire progressivement les contraintes de la privation de liberté, en lien avec des programmes de responsabilisation, de formation, ou encore de travail.

Dans un deuxième temps, M. Nicolas Dietrich, Délégué cantonal aux questions liées aux addictions, a présenté l’étude intitulée « Minimisation des risques en lien avec les addictions et maladies infectieuses dans les établissements de détention du canton de Fribourg », réalisée à l’EDFR entre 2019 et 2022. L’étude révèle qu’environ 13,14% des détenus consomment des substances psychoactives en détention, principalement du cannabis (89,8%). De plus, l’utilisation de médicaments à haut risque addictogène, comme la quétiapine, est particulièrement élevée, étant prescrite 2,5 fois plus fréquemment en prison qu’à l’extérieur. Ces chiffres montrent l’ampleur des comportements à risque liés à la consommation de substances, qu’il s’agisse de drogues ou de médicaments.

Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’une part importante des personnes détenues, soit plus de la moitié, sont incarcérés pour des infractions liées aux stupéfiants. Cela exerce une pression considérable sur le système pénal et carcéral, souvent mis à mal par ce type de délits. À ce titre, il pourrait être pertinent d’envisager une réforme des politiques actuelles sur les drogues, notamment en explorant la possibilité de dépénaliser certains délits. Une telle mesure permettrait non seulement de désengorger le système pénal, mais aussi de privilégier une approche plus axée sur la santé publique et le respect des droits humains, avec des alternatives mieux adaptées aux problématiques d’addiction.

En définitive, cette plateforme « prisons » a constitué une occasion clé pour souligner certains enjeux essentiels dans l’accompagnement des personnes incarcérées avec des problématiques d’addiction. Au-delà des dialogues interprofessionnels et interdisciplinaires – essence même des plateformes du GREA – cette rencontre a permis de réaffirmer l’importance de la gestion des transitions et de la continuité des parcours de soin. En ce sens, les « milieux ouverts », comme celui proposé à Bellechasse, offrent une transition plus fluide entre la détention et la liberté, tout en favorisant la réinsertion à travers des activités de socialisation, de travail, ou de formation. Par ailleurs, la présentation des recherches menées sur les addictions en milieu carcéral a rappelé la nécessité de poursuivre les études afin de mieux comprendre les problématiques rencontrées, d’identifier les défis à relever et d’adapter les réponses sociosanitaires pour prévenir la rechute et réduire la récidive.